J'aime l'ambiance sonore de ce mini-film avec trés peu de couleurs, pas mal d'ombres, une série de chansons, quelques rires d'enfants, des "allelulia" dans la nuit, moments tristes ou purs, selon l'humeur.
Dans le bruit de la circulation, le piétinement des femmes préssées (ces pas pressés dans la nuit), quelques notes dans l'air, comme pour se rappeller que la musique existe.
Comme toujours ce "trés peu" qui me fascine...
Pas de sentiments échappés de ces instants, rarement émouvants. Assez souvent portés par la seule lumière de la mémoire. Unique endroit où se retrouve les souvenirs.
Extraits de l'oubli, du silence et de la disparition. Je re-pense à W de Perec et me souviens avoir été interloquée par le nombre de répétition, l'obsession du souvenir qui ne revient pas.
Comment fait-on pour vivre sans mémoire, sans sa mémoire? Vit-on encore ou est-ce un semblant de vie? Quelquechose d'irrémédiable s'inscrit dans le silence, une sorte de disparition de soi-même comme engloutit par un trou noir : l'oubli.
Et puis renaissent peu à peu les sensations avec la musique, la série de notes accrochées les unes aux autres qui fabriquent du sens en dansant dans la nuit. Pour soi-même, uniquement cela.
Rarement filmé. Assez souvent, peu de temps ou de moyens.
Mais peut-être une façon de s'exprimer interessante.
Ou le son.
En tout cas pas de récits : horreur de ça! Totalement crétin, aucun interêt! Bref.
Garder l'envie de faire voyager la pensée dans le vide ou le trés peu. Ne pas envahir, ne pas "forcer" la pensée des autres, ne pas aller dans le présent. (réservé aux envahisseurs)
Créer une sorte de rappel de la liberté, ou de la rêverie, ou de l'ennui aussi parfois, mais léger.
Une sorte de vague où poser ce souvenir à l'abri du temps qui passe en créant de l'oubli. Bref.
A revoir.
[1990]