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Diaz (un crime d'état)


Diaz (un crime d'état) :

Film militant qui fait le récit d'une descente de carabiniers dans un centre d'accueil de manifestants durant la première grande manifestation altermondialiste contre un G8 en 2001 à Gênes en Italie. 

Retraçant un épisode ( dans la nuit du 21 au 22 juillet 2001) d'une rare violence à la fin de plusieurs journées de manifestation : le raid de 300 carabiniers dans une école soupçonnée d'héberger des militants "black bloc", ce film fait le récit des quelques heures qui précédent l'intervention de ces policiers dans l'école où dorment des militants altermondialistes jusqu'au moment de la bavure, les passages à tabac, les arrestations ainsi que le récit des humiliations des militants arrêtés, perpétrés dans les commissariats puis à la caserne de Bolzaneto.

Qui se souvient de Gênes et de ces images de carabiniers italiens énervés faisant sonner leurs matraques contre les barrières de sécurité au journal de 20h en France et qui semblaient servir d'avertissement à qui serait tenté par rejoindre les manifestants qu'il ne s'agissait pas forcément de l'idée du siècle? 

Qui se souvient de ces quelques images transmises par Internet sur un des sites de presse alternative Indymédia de l'intervention presque en direct de plusieurs compagnies de ces mêmes carabiniers dans le centre d'hébergement nommé Diaz afin "officiellement" de mettre la main sur les militants des "black blocs" accusés d'avoir saccagé plusieurs rues de Gênes en fin de manifestation et qui montraient le matériel informatique des journalistes détruit ainsi que quelques secondes de hurlements de manifestants alter-mondalistes au début de l'intervention policière?

En dehors des militants, pas forcément beaucoup de monde j'imagine.

On sort de ce film totalement secoué, écoeuré par les images de violence dont il a fallu supporter la présence en se demandant si on a bien fait de rentrer dans une salle de cinéma pour se faire tabasser moralement durant une quarantaine de minutes, sans compter le dégoût qui vous emplit à la vue de ces jeunes gens frappés à coup de matraques... Puis on se dit qu'on a bien fait. Parce qu'on se rend compte soudain à quel point se trouver confronté à la violence de l'état à travers sa police est terrifiant, à quel point on peut être vulnérable face à cette violence. On prend conscience qu'une manifestation peut toujours dégénérer et que rares sont les personnes à être préparées à faire face à de tels dérapages!

On apprend aussi combien fût long le temps pour que la justice fasse enfin son oeuvre et que les actes de violences subis par plusieurs de ces mainfestants soient reconnus et que leurs auteurs soient jugés, notamment grâce à l'intervention d'Amnesty International et grâce à la ténacité des familles des victimes. Pourtant, le procès qui a eu lieu même s'il a permis de faire apparaître au grand jour les témoignages des victimes de ces violences graves n'a pas donné lieu à de réelles condamnations et l'on se retrouve totalement sidéré par l'absence de ces condamnations justement, condamnations toutes plus ou moins atténuées jusqu'à l'amnestie de certaines comme il est possible de le constater à la lecture de ce site :

Récit des faits qui ont été reprochés et leurs conclusions judiciaires :

Le 13 novembre 2008, après trois ans de délibération, le jugement a été prononcé dans le procès concernant le raid contre l’école Armando Diaz. En juillet 2001, 150 policiers avaient lancé un raid contre l’école en passant à tabac, dans leur sommeil, plus de 60 manifestants altermondialistes au point qu’ils durent être conduits à l’hôpital.

Plus de la moitié des 29 inculpés ont à présent été relaxés, y compris tous les officiers de haut rang qui avaient été accusés. Tous ceux qui avaient été derrière les violences en 2001, dont un certain nombre occupent des postes importants dans l’actuel gouvernement, ont pu quitter le tribunal en hommes libres.

Les 13 accusés restants, des policiers et des dirigeants de brigades, qui avaient été directement impliqués dans le raid, ainsi que deux policiers qui avaient fait des faux témoignages, ont été condamnés à des peines de prison allant d’un mois à quatre ans. Aucun d’entre eux n’aura à purger sa peine. La plupart des peines ont été assorties « d’un sursis » et toutes les condamnations restantes seront invalidées avec l’entrée en vigueur en janvier 2009 de la nouvelle loi d’amnistie du gouvernement Berlusconi. Le parquet avait requis au total 108 années de détention pour les 28 inculpés. 

Les victimes et leurs familles qui s’étaient portées parties civiles ainsi que de nombreux observateurs au procès se sont écriés « honte, honte » à l’annonce des jugements. De nombreux plaignants ont annoncé vouloir faire appel devant la Cour européenne de Justice.


Rappel des faits :
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89meutes_anti-G8_de_G%C3%AAnes_de_2001

Témoin de la nuit de violence :
http://multitudes.samizdat.net/G8-de-Genes-temoignage-de-Starhawk

Presse:
http://www.telerama.fr/cinema/films/diaz-un-crime-d-etat,435975.php
http://www.20minutes.fr/cinema/1167777-20130604-diaz-scandale-a-italienne 
http://www.metronews.fr/culture/diaz-dans-l-enfer-du-g8/mmfd!iU8L9cNrjz9o/ http://www.lexpress.fr/culture/cinema/diaz-la-critique-de-l-express_1254085.html

Pour aller plus loin, récit, littérature :
http://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/200510/le-spectre-de-genes-juillet-2001

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