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Perspective inversée

Rien. La mine de rien. L'air de rien. La mine c'est l'extrèmité dun crayon. La pointe d'un morceau de graphite qui sert à écrire ou a dessiner. Je ne suis pas en train d'écrire ni de dessiner : je tape sur un clavier. Ma mine c'est le haut de mes ongles qui frappe et tape sur les touches. Je pense à un morceau d'iceberg, si un géant passait par le pôle il pourrait s'en servir pour écrire "cornet de glace" dans les nuages. Ce serait drôle. C'est fait aussi pour ça la pointe du stylo pour faire sourire, pas seulement pour étreindre le coeur de serrements de compassion ou de pitié, d'angoisse ou de larmes ou bien... rêver.

Cela sert-il aussi à faire rêver d'écrire. Rien de bien concret dans toutes ces vélléités de faire rêver. 

rêve. 

Non juste des nuages de rêveries qui passent en passant en rêvant, entrainant des humeurs incertaines et voyageuses. Tiens il pleut par ma fenêtre. J'aime bien la musique des mots surtout quand cela dit non sens à toutes les phrases, non-sens à la virgule, contre-temps aux emplois bien repassés. 

medium_collage8.jpgNon-sens et gros bazar. Comme un môme qui s'éclate sur la grosse caisse d'une batterie. S'éclater à écrire des trucs qui tiennent pas forcément debout tout seuls. Des mots un peu bancales à qui il faut rajouter des béquilles, des phrases tordues qui s'étirent à l'infini, dans lesquelles vos regards se perdent et que le sens finit par fuir, tellement ça ne ressemble plus à grand-chose.

Ca s'écrit. Ca se dit. C'est rigolo. Ca monte et ça descend. Ca fait des montagnes russes, des cavernes un peu troublantes, des recoins sombres et des instants de lumière extraordinaire quand enfin on saisit le sens de l'intérieur. C'est effrayant de tant de pouvoir et de tant de plaisir à la fois. Absolument terrifiant ce bonheur instantané, insensé.  

Saisissant aussi, tant à la fois il faut reprendre et continuer, interrompre et rattraper, perdre et retrouver. Bonheur sans fin qui peut durer tant que dure l'existence et qui sera repris on le sait un jour par un autre puis encore un autre et encore un nouveau. Les phrases sont des chaînes où s'exercent les plus beaux des sentiments humains: la compréhension et l'attention aux autres. Ecrire c'est aller vers l'autre, c'est transmettre et recevoir en écoutant intérieurement ce que cet autre va vous donner à découvrir.

Ecrire en façonnant des pierres précieuses parfois. Ecrire en creusant des rigoles où l'autre va pouvoir ruisseler en toute quiétude.

Ecrire pour rien, l'air de pas grand-chose avec une mine de vent et de nuages. Ecrire sur le temps qui passe accroché aux nuages justement. Ces nuages dont le mouvement nous entraîne ailleurs, dans un feuillage vert sombre ou coulent des fontaines lumineuses, entre les brins d'herbes ou sur la plume lisse d'un oiseau migrateur. Ecrire avec ces heures de rêveries en bracelets autour des poignets.

Mesure aprés mesure retrouver le chemin qui mène vers l'ailleurs, puis encore un peu plus loin à l'intérieur de ces territoires flottants oscillant entre réminiscences du passé et présent, explorer négligemment, sans y prêter trop attention, les images qui naissent du voyage intérieur.

Seront-elle évocatrices? Nul ne le sait quand il emprunte sa plume à l'oiseau migrateur. Quand son voyage commence "l'écrivain" ignore tout de la destination, tout des découvertes qu'il fera en route.

C'est bien une des merveilles que recèle l'écriture : le mystère des chemins empruntés. Si l'on est chanceux on pourra même rêver que chaque voyage-texte trace sa propre courbe, son esquisse personnelle, invente des liaison inédites, à défaut d'être interdites...

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