Au loin respire, la terre,
Se soulèvent les ventres, de pierre,
se tendent les horizons, d'ocre mourant.
Au plus prés de ta poitrine tendue,
d'où s'exhale le parfum acre
des sucs d'épineux, je viens me reposer!
Minutes d'ombres portées, allongées sur le sol, étendues devant nos silhouettes, en plein regard. Minutes de soleil couchant, de traces de lumière dorée dans les cieux interdits, ceux qui se dissimulent déjà dans les plis sombres d'une nuit en action. Territoire, nous t'observons, à l'orée de tes yeux, nous glissons; observateurs figés, d'une minute à une autre. Face à face. Nos visages tendus, parfaitement lisses, absorbent l'épaisseur du silence qui t'entourent.
" seconde ennivrée, ombre empoisonnée "
Au loin reprennent leurs souffles : les arbres, les forêts.
S'entrouvent les gorges aux offrandes de nuit.
Les monts éclaboussés de lune portent leurs sommets vers la lumière nue.
Tout repose.
Ma respiration suit le cours de la rivière.
Elle reprends sa place dans les méandres du silence apaisé.
"Pas si simple d'approcher les terres de l'Olympe quand les cerbères veillent aux portes....." *
Tout se tait.
Fragiles et illusoires traînent nos derniers souvenirs en nappes lourdes :
Drapés dans leur inconscience nos regards errent en quête de lumière.
Au sol dissimulés par les herbes longues, me reviennent à la bouche des odeurs de foin d'étés.
Au col j'ai l'ombre de ta bouche qui traîne aussi, une odeur de passé, à présent dissimulée par les herbes hautes.
Quand tout se tait ce que l'on voit est si absent, si fragile qu'il faut du temps pour le comprendre,
du temps pour poser des mots sur toutes ces ombres, tous ces glissements infîmes.
Quand tout se tait retrouvent leurs places chacunes de ces lucioles.
*La nuit cernée par autant de lueurs animales, seuls points de repères dans l'obscurité. La nuit est fermée à ceux qui vivent. Elle ruisselle sur les tombes des visages miroitants, exacerbant l'odeur acre des terres retournées, exigeant de tous une accuité extrême...L'excellence est notre gilet de survie; la discrétion, le chemin par lequel disparaître* fin de parenthèse.