Parmi tout ce qui s'écrit hors de notre attention, l'infini du ciel, avec ses défis, son roulement, ses mots innombrables, n'est qu'une phrase un peu plus longue, un peu plus haletante que les autres.
Nous la lisons en chemin, par fragments, avec des yeux usés ou naissants, et donnons à son sens ce qui nous semble irrésolu et en suspens dans notre propre signification. Ainsi trouvons-nous la nuit différente, hors de sa chair et de la nôtre, enfin solidairement endormie et rayonnante de nos rêves. Ceux-ci s'attendent, se dispersent sans se souffrir enchaînés. Ils ne cessent point de l'être.
Extrait de l'ouvrage : "Le nu perdu". René Char.
Editions NRF collection Poésie. Gallimard