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Entrée d'Aimée Césaire au Panthéon.

Je n'ai pas encore eu le temps de faire une note sur ce sujet que j'estime être de la plus haute importance. A mon sens il est crucial et politiquement extrêmement important d'avoir des personnalités issues des territoires d'outre-mer dans le Panthéon des Hommes qui ont fait l'histoire de l'esprit français, donc de ce que l'on nomme habituellement des grands hommes.
Parce qu'il ne faudrait pas qu'à la faveur d'un remaniement de l'histoire dont certaines époques sont coutumières que ces noms disparaissent et soient progressivement gommés de la mémoire collective!
Croit-on cela impossible? Mais impossible n'est pas français et en matière de disparition des mémoires et surtout de traces d'apport à la culture française il y a beaucoup d'exemples qui atteste de cette étrange manie, dira t-on donc française d'escamoter tout ce qui ne va pas dans le sens de la fabrication d'une culture et d'une littérature blanche!
Donc la mémoire d'Aimée Césaire est au Panthéon! Quelle grande nouvelle! Bien sûr sa dépouille est restée où elle était enterrée et il n'aurait peut-être pas accepté d'être au Panthéon. Il me semble cependant que c'est une victoire car elle obligera la mémoire à fonctionner dans le sens de la logique et de l'honnêteté. Peut-être est-ce de la naïveté, on verra.

 

Aimé Césaire, chantre de la négritude

Texte publié dans l'édition "papier" du journal La Mée

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Ecrit le 20 avril 2008

 Aimé Césaire est mort le 17 avril 2008

Le poète martiniquais, âgé de 94 ans, l’inventeur du mot « négritude » est un « monument » unanimement respecté dans le monde entier. Aura-t-il une place au Panthéon, lui que l’Académie Française a négligé ?

Né le 26 juin 1913, il était fils d’esclave : ses aïeux ont été déclarés libres par un décret royal du 3 octobre 1833.

Il disait : « Liberté, Egalité, Fraternité : très bien. Mais pourquoi n’a-t-on jamais vu pour nous la fraternité ? Nous ne l’avons jamais eue. Nous avons la liberté, comme on peut l’avoir dans le monde. Il y eut un effort pour l’égalité. Mais la fraternité, où est-elle ? Je crois qu’on ne pourra jamais l’avoir, la fraternité. Si tu ne me reconnais pas, pourquoi veux-tu que nous soyons frères ? Moi, je te respecte, je te reconnais, mais il faut que toi tu me respectes et me reconnaisses. Et là, on s’embrasse. C’est ça, pour nous la fraternité ».

Aimé CESAIRE, en 1931, au moment de l’exposition coloniale internationale de Paris, s’inscrit en rupture avec la colonisation, montrant le lien « naturel » existant entre les crimes de l’entreprise coloniale et le programme d’extermination exposé par Hitler dans Mein Kampf.

Il n’y a pas dans le monde un pauvre type lynché
Un pauvre homme torturé
En qui je ne sois assassiné et humilié

Ce refus radical de l’esprit colonial et de ses résurgences le conduisit à refuser de recevoir Sarkozy, après le vote de la loi du 23 février 2005 consacrant le rôle positif de la colonisation. Devenu Président de la République ; Sarkozy s’est rendu à l’enterrement d’Aimé Césaire. Il n’est pas sûr que celui-ci ait apprécié ...

« Ce que le très chrétien bourgeois du XXe siècle ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, c’est le crime contre l’homme blanc [...], d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes, les coolies de l’Inde et les Nègres d’Afrique » disait-il. Il aurait pu ajouter : et les Tsiganes.

« Comme il y a des hommes-hyènes
Et des hommes-panthères
Je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas
homme-famine,
l’homme-insulte, l’homme-torture
on pouvait à n’importe quel moment
le saisir le rouer de coups,
le tuer - parfaitement le tuer -
sans avoir de compte à rendre à personne sans avoir d’excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot
 
mais est-ce qu’on tue le Remords,
beau comme la face de stupeur
d’une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot ?
 
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche,
ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. »

Extrait de « Cahier d’un retour au pays natal » en 1938 - Il avait 25 ans !

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