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Gaston Bachelard : Le droit de rêver.

Un autre jour, un autre songe élémentaire retient la volonté de peindre. Claude Monnet veut que la

catédrale devienne une éponge de lumière, qu'elle absorbe en toutes ses assises et en tous ces

ornements l'ocre d'un soleil couchant.

Alors, dans cette nouvelle toile, la cathédrale est un astre doux, un astre fauve, un être endormi dans la

chaleur du jour.


Elles jouaient plus haut dans le ciel, les tours quand elles recevaient l'élément aérien. Les voici plus

près de terre, plus terrestres, flambant seulement un peu comme un feu bien gardé dans les pierres

d'un foyer.


Là encore, on mutile les réserves de rêverie que contient l'oeuvre d'art si l'on n'adjoint pas à la

contemplation des formes et des couleurs une méditation sur l'énergie de la matière qui nourrit la forme

et projette la couleur
, si l'on ne sent pas la pierre "agitée par le travail intérieur du calorique". 


Ainsi, d'une toile à l'autre, de la toile aérienne à la toile solaire, le peintre a réalisé une transmutation de

matière. Il a enraciné la couleur dans la matière. Il a trouvé un élément matériel fondamental pour

enraciner la couleur. Il nous invite a une contemplation en profondeur, en nous appelant à la sympathie

pour l'élan de coloration qui dynamise les objets.

Avec de la pierre, il a fait, tour à tour, de la brume et de la chaleur. On s'exprime bien pauvrement

quand on dit que l'édifice "baigne" dans un crépuscule éclatant. Pour un vrai peintre, les objets créent

leur atmosphère, toute couleur est une irradiation, toute couleur dévoile une intimité de la matière.

In Le droit de rêver. _Le peintre sollicité_ p 41.Gaston Bachelard. Puf.
1ère édition Mars 1970.
6ème. Mars 1988. 

Avertissement des éditeurs.

Gaston Bachelard n'avait pas prévu de son vivant le rassemblement des textes publiés dans le présent ouvrage. Il n'est pas sûr qu'il eût reconnu notre choix, qu'il eût agréé l'ordonnance de ce recueil et le titre même que nous avons inscrit en tête du volume (titre extrait du chapitre où il se dépeint moins comme un philosophe à l'ouvrage que comme un rêveur ou, mieux, comme un penseur qui s'octroie le droit de rêver). 

Il nous a paru cependant que les essais réunis ici étaient liés par un principe d'unité très visible et comme eût dit Joubert, qu'ils groupaient avec eux-mêmes.


_Qu'il nous parle de Monet ou de Chagall, de Balzac ou d'Eluard, de la coquille ou du noeud de corde, c'est à l'attache, à l'intersection du songe et de la réflexion que se place toujours celui qui déclarait _on le verre plus loin_

que le monde est intense avant d'être complexe et que la philosophie devrait être restitué à ses dessins d'enfant._

Fin

Le monde est réel avant d'être transformé par le discours qui le décrit ou l'explique.
Le monde vit, est dans le présent, il existe. 
Vit-il dans le discours qui l'envisage, le dépeint, décrit les mécanismes du fonctionnement humain et social? Pas exactement. Le langage n'est pas vie. (la confusion est récente et régulière.)
Il est un des modes de transmission du réel, pas le réel. Un des modes de transmission de la vie pas la vie elle-même.
Où est l'évidence?
D'évidences il n'en existe aucune. Seuls des affirmations existent et ces affirmations sont comme les promesses qui n'engagent que ceux qui les disent, elles n'engagent que ceux qui les croient.
Quelles croyances?
Celles qui nous permettent d'affirmer.
Nous affirmons à partir de nos croyances.
Quand nos croyances disparaissent les affirmations qui en découlent disparaissent avec.
Evident encore une fois?
Pas tant que cela.
Car certaines croyances se planquent sous des abords de réalité.
Et qu'il est souvent assez difficile de s'en débarrasser.
Laquelle par exemple.
Toutes.

:)


Germinal.

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