crédit photo : moi même
Des fois, vous êtes tout pour quelqu'un, puis soudain, plus rien. C'est la vie qui est comme ça. Les sentiments légers comme les fumées d'un thé suivent le vent, un rien les contrarie, les dissout... Ils disparaissent, tournent la tête, s'évanouissent.
La liberté se passe de nos sentiments. Elle exige une fidélité constante, une attention de tous les instants.
La liberté aime disparaître. Il faut la pister. Il faut trouver l'endroit, la place qui lui permettra le mieux de s'épanouir. Je parle bien évidemment d'un certain état d'esprit ("state of mind" on dit chez les anglais). L'état d'esprit c'est beau comme expression. On dirait la météo d'un ciel intérieur. Bien sûr vivre dans une société restreint d'une certaine manière la liberté mais ne s'épanouit-elle pas mieux entourée par le respect des autres qui la restreint légèrement justement. Finalement cette liberté à laquelle tous tiennent ou devraient tenir n'est-elle pas cette immense capacité à s'émanciper des idées pré-conçues que nous avons tous en tête en se réduisant à son essence elle se pare d'une qualité supplémentaire, la rareté.
Sentiments, liberté, respect, des mot que l'on peut étudier sans limitation de durée, sa vie entière si l'on veut.
Elle ressemble à cette expression la liberté d'ailleurs : "si l'on veut", car c'est bien trop souvent "si l"on peut" en réalité.
Tendre à remplacer la seconde expression par la première consiste souvent à faire d'énormes efforts pour ne pas se laisser entièrement envahir par les devoirs et les obligations de toutes sortes.
Ecrire permet à beaucoup de personnes de trouver un exutoire peu onéreux, et pas très difficile à entretenir quand on sait un peu si prendre.
Bien entendu, il faut savoir la défendre cette petite liberté. Les jugements des autres sont souvent inhibant si l'on écoute un peu trop. Le mieux c'est de ne pas trop chercher.
Ecrire quelques trucs et passer son chemin, comme les sentiments volages (volatiles devrais-je dire plutôt, quelquefois il s'agit seulement de vapeurs) tourner la tête et disparaître au loin. Il n'y a rien dans les mots qui oblige à rechercher la durée de vie d'une sculpture, rien qui doive nécessiter de s'attacher à la durée, non rien.
Pour moi l'éternité c'est le temps, pas un texte qui s'écrit, pas un mot qui se dit. Le temps représente ce qui nous échappe, ce que nous ne comprenons pas, une notion difficile à appréhender pour un être humain.
Bien sûr on tente de le circonscrire ce temps. Il a été défini selon quelques lois. Mais le Temps que l'on découvre en physique, ou en astronomie nous échappe autant qu'il nous interroge sur sa réalité.
Qui est-il vraiment pour nous? Nous est-il si extérieur qu'il faille pour tenter de le définir des volumes et des volumes de philosophie pour croire un jour que l'on pourra mieux le comprendre, mieux l'envisager, mieux le connaître.
J'aime bien penser que l'éternité et le temps sont la même chose. J'aime bien cette correspondance de sens. Cet effet-miroir entre deux mots qui m'ont toujours paru si proches, au point parfois de les confondre dans l'obscurité d'un essai de poésie. Parce que le premier, toujours pour moi, renvoie au second et réciproquement. Et qu'il me serait bien difficile de penser à les différencier. Cela ne me ferait certainement pas plaisir. Et je ne suis pas certaine qu'en réalité faire ce genre de chose (sortir les mots de leur gangue d'inconscience) me serait bien utile.
Je ne l'ai jamais pensé. Un professeur demanderait à un élève de clarifier, de séparer justement et de préciser des notions ou des sens qui sont proches mais dont on doit définir les différences.
Quand on écrit pour son plaisir, et que souvent pour s'amuser on s’intéresse aux interférences entre les mots, aux confusions de sens, que de ses confusions on tire des fils "marrants", "différents", "bancales", bizarres, ou juste trop légers pour être remarqué, que l'on cherche à trouver des résonances (non pas uniques, qui frappent l'esprit par leur clarté ou leur fluidité mais plutôt l'inverse : que l'on cherche à tirer de la confusion, de la bizarrerie ajoutées au déséquilibre, un sens et que ce sens finisse par entrer dans une construction qui parviendra à transmettre la sensation, le sentiment ou l'idée que l'on cherche, on n'a pas envie de s’embarrasser avec le vrai sens, le sens premier, le sens utile pour converser, le sens enfin que l'on connait déjà.
Exit.