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Notes - Page 26

  • Accents

     

     

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    « Les accents ne sont-ils pas comme des adieux, les dernières notations musicales de notre alphabet déchiré? C’est par eux, par ces touches sonores qui se posent sur les lignes que nos livres relèvent encore de la musique. Ne serait-ce que par le truchement de ses accents, une écriture bouge, papillonne, bourdonne. Ce tintamarre est celui de l’esprit. L’écriture bourdonne et la page est musicale. Et la ponctuation? Qu’est-elle d’autre, sinon la mise en musique des pages? Toute la littérature se réduit à une affaire de ponctuation. Le point et virgule est la pierre d’achoppement de toutes les plumes. »

    ici

     

     

     

  • ALBERT CAMUS, Le Mythe de Sisyphe.

     

     

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    Il faut imaginer Sisyphe heureux.

    Tout au bout de ce long effort mesuré par l'espace sans ciel et le temps sans profondeur, le but est atteint. Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d'où il faudra la remonter vers les sommets. Il redescend dans la plaine.

    C'est pendant ce retour, cette pause, que Sisyphe m'intéresse. Un visage qui peine si près des pierres est déjà pierre luimême. Je vois cet homme redescendre d'un pas lourd mais égal vers le tourment dont il ne connaîtra pas la fin. Cette heure qui est comme une respiration et qui revient aussi sûrement que son malheur, cette heure est celle de la conscience. A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s'enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher.

    Si ce mythe est tragique, c'est que son héros est conscient. Où serait en effet sa peine, si à chaque pas l'espoir de réussir le soutenait ? L'ouvrier d'aujourd'hui travaille, tous les jours de sa vie, aux mêmes tâches et ce destin n'est pas moins absurde. Mais il n'est tragique qu'aux rares moments où il devient conscient. Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l'étendue de sa misérable condition : c'est à elle qu'il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n'est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris.

    Si la descente ainsi se fait certains jours dans la douleur, elle peut se faire aussi dans la joie. Ce mot n'est pas de trop. J'imagine encore Sisyphe revenant vers son rocher, et la douleur était au début. Quand les images de la terre tiennent trop fort au souvenir, quand l'appel du bonheur se fait trop pressant, il arrive que la tristesse se lève au cœur de l'homme : c'est la victoire du rocher, c'est le rocher luimême. Ce sont nos nuits de Gethsémani. Mais les vérités écrasantes périssent d'être reconnues. Ainsi, Œdipe obéit d'abord au destin sans le savoir. A partir du moment où il sait, sa tragédie commence. Mais dans le même instant, aveugle et désespéré, il reconnaît que le seul lien qui le rattache au monde, c'est la main fraîche d'une jeune fille. Une parole démesurée retentit alors : " Malgré tant d'épreuves, mon âge avancé et la grandeur de mon âme me font juger que tout est bien. " L'Œdipe de Sophocle, comme le Kirilov de Dostoïevsky, donne ainsi la formule de la victoire absurde. La sagesse antique rejoint l'héroïsme moderne.

    On ne découvre pas l'absurde sans être tenté d'écrire quelque manuel du bonheur. " Eh ! quoi, par des voies si étroites... ? " Mais il n'y a qu'un monde. Le bonheur et l'absurde sont deux fils de la même terre. Ils sont inséparables. L'erreur serait de dire que le bonheur naît forcément de la découverte absurde. Il arrive aussi bien que le sentiment de l'absurde naisse du bonheur. " Je juge que tout est bien ", dit Œdipe, et cette parole est sacrée. Elle retentit dans l'univers farouche et limité de l'homme. Elle enseigne que tout n'est pas, n'a pas été épuisé. Elle chasse de ce monde un dieu qui y était entré avec l'insatisfaction et le goût des douleurs inutiles. Elle fait du destin une affaire d'homme, qui doit être réglée entre les hommes.

    Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. De même, l'homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles. Dans l'univers soudain rendu à son silence, les mille petites voix émerveillées de la terre s'élèvent. Appels inconscients et secrets, invitations de tous les visages, ils sont l'envers nécessaire et le prix de la victoire. Il n'y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit.

    L'homme absurde dit oui et son effort n'aura plus de cesse. S'il y a un destin personnel, il n'y a point de destinée supérieure ou du moins il n'en est qu'une dont il juge qu'elle est fatale et méprisable. Pour le reste, il se sait le maître de ses jours. A cet instant subtil où l'homme se retourne sur sa vie, Sisyphe, revenant vers son rocher, contemple cette suite d'actions sans lien qui devient son destin, créé par lui, uni sous le regard de sa mémoire et bientôt scellé par sa mort. Ainsi, persuadé de l'origine tout humaine de tout ce qui est humain, aveugle qui désire voir et qui sait que la nuit n'a pas de fin, il est toujours en marche. Le rocher roule encore.

    Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.

    Le Mythe de Sisyphe, Gallimard, 1942.
    ici




  • Regard.

     

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    Ici. 

    J'aime le regard étonné du passant sur l'image professionnelle, ultra-travaillée des affiches publicitaires.
    L'obscénité du quotidien en regard des millions dépensés pour susciter un peu de désir charnel à partir d'un morceaux de papier coloré travaillé il est vrai dans le sens de la caresse et du satin.

    Mais ce "rien" émotionnel couvert de papiers brillants, de colifichets, de soie, de bas résille tirés sur des corps ou longilignes ou totalement cadavériques  selon l'angle duquel part le regard ne provoque pas d'émotions en tout cas pas de celles qui élèvent mais plutôt des sortes de transes ou réactions épidermiques et brutales, la haine pour certains, pour d'autres la fascination.

    J'ai toujours aimé la publicité comme les enfants de la publicité que nous sommes tous plus ou moins. Pas de mémoire sans histoires animées par le pernicieux désir de faire de nos générations de bons consommateurs, certainement pas des acteurs mais plutôt une armée de moutons gentillets qui achètent et dépensent leurs économies pour tenter de s'approcher du mythe de l'homme moderne, sociable, entouré de gadgets qui font de lui un "incontournable" chez qui on va pouvoir se renseigner sur la dernière tendance en matière d'i-pod, de sac, de futale ou de veste, bref comment rester "in". 

    J'aime la publicité donc mais je n'aime pas l'effet qu'elle produit en négatif sur une image de la femme pas en tellement bonnne santé que cela.
    Non cela je n'aime pas du tout.
    Pourquoi me direz-vous? Simplement parce que l'affichage public est envahissant, qu'il est devenu omniprésent, où qu'on aille et quoi que l'on fasse nous sommes en permanence sollicités par les messages publictaires et comme une bonne partie d'entre eux utilisent le plus petit dénominateur commun de nos pulsions  humaines (les plus basses de préférence) il est bien entendu que cela ne fait que renforcer la violence et la brutalité de notre société. (oui oui faire la promotion des pires pulsions l'avidité par exemple, mais aussi l'envie, la jalousie, et je ne parle même pas des pulsions sexuelles, ne peut pas produire de très bons effets).

    Exacerber les pulsions provoquent des réactions violentes, la frustration par exemple, les frustrations qu'elles engendrent augmentent de manière palpable le taux d'agressivité ambiant.

    C'est pour cette raison que comme beaucoup d'autres je me joins et m'associe virtuellement à tous ceux qui alertent sur le caractère nuisible des affichages publicitaires disproportionnés dans les villes !

    Ici

    Mais aussi

    Article sur le sujet

     

     

     

  • La brume.

    Longtemps,
    J'ai rêvé un temps si absent qu'il ne laisserait pas de traces,
    plus de traces, pas un froissement, pas une ride, pas un mauvais souvenirs.
    Longtemps, j'ai rêvé l'absence comme un refuge, un abri à l'écart du temps des hommes.
    Longtemps j'ai laissé voguer mon âme à l'écart du monde et c'est ainsi que j'ai pû survivre,
    entre tempêtes et désespoirs, enre colère et abattement.
    Mais quoi!, ce temps qui ne laisse de trace nulle part aura t-il été pour moi le seul endroit disponible, le seul lieu

    De paix, à l'écart justement de ceux qui font trop de bruit, qui font trop de mouvements pour si peu de résultats,

    et puis
    vaguement...
    Juste en rêvant. J'ai continué ce chemin d'absence qui m'a porté jusqu'ici et donné jusqu'ici
    la force de RESISTER!

    Mais sur cette terre je ne suis pas seule, partout ailleurs, la souffrance des autres me touche et me révolte.

    Quand il s'agit plus précisémment des femmes, d'une femme particulièrement.

    Regardez ici

    Et si avec d'autres vous pouvez vous mobiliser.
    Ne serait-ce que pour continuer à faire connaître cette femme, faîtes-le.

    Bonne soirée.