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La mine poétique.

  Permission de rêver en passant d'un rouge révérant, d'un rouge référence. Est-ce permis de rêver en passant au rouge sombre dont on aime les moires qui jouent avec nos mémoires, qui jouent avec nos espoirs, qui courent sur notre esprit comme on souffle la chaleur sur une peau ombrée, une peau contrastée. Une peau de sable traîne sur le dessus d'un corps alangui, d’un souvenir plus que d’une  histoire.
Une photo souvenir qui évoque en son sein quiet le repli précieux de la mémoire. Le lait sève éclate de la lèvre : la poésie est cette toile tendue sur laquelle il est possible de laisser à loisir traîner ses couleurs
 Trahir ses envies, ses désirs,
Raconter, réciter
Ces innombrables trains d'idées dont à chaque secondes nous sommes traversés...Cette poésie est libre, elle est liberté de l’expression, folie de la création, plaisir de l’existence. Elle ne demande rien à ceux qui la lisent. Elle ne cherche aucun point d’ancrage, elle est vagabonde.
Ses voiles, ses brumes nous emportent à grands battements d’ailes vers des terres inconnues, des terres de découvertes ou de réflexions, des terres posées comme une lentille sur la surface d’une idée qui nous renvoie notre propre reflet, parlé par d’autres,  maquillé par d'autres mots, par d'autres idées.

C'est ainsi qu'enfin nous nous revoyons tous. Unis à l'intérieur d'un récit, d'un discours ou se croisent et s'interpellent nos souvenirs.

Quelqu'un écrivait un jour (gaspard) que certaines âmes murmuraient à l'intérieur de nos livres. A mon avis, elles sont retenues prisonnières des mots. La poésie les libère. Elle leur redonne vie et souffle, leur confère une nouvelle existence colorée. Cette mine va, toujours à la recherche d'un paysage à décrire, d'une émotion à révéler, d'un silence à expliquer.

Un jour j'irai comme elle par le monde, ramasser toutes ces idées. J'irai où on ne va pas, regarder. J'apprendrai à comprendre le silence, j'apprendrai à décrire. Mais je ne raconterai pas, je ne ferai aucun récit. Je laisserai l'imagination emplir les blancs, dessiner les absences. Puis je me tairai, je me dirai que toutes ces âmes ont un jour le droit de s'échapper, un jour le choix de s'envoler de ces récits qui cherchent à les retenir.

J'apprendrai à regarder l'océan mouvant, le vol d'un oiseau au-dessus. J'apprendrai à regarder. La couleur rouge sombre me servira de référence. Je pisterai sa trace dans le sol. Je la diluerai avec de l'eau, j'en couvrirai mes mots. J'irai même parfois jusqu'à dessiner sur les murs quelques signes incompréhensibles que je nommerai poèmes naturels. 

Ainsi revêtu de tout ce rouge, j'irai par le monde. Visiter ses murmures, écouter ses chants.                                                     

                                                                                  

De la nuit j'extrairai le feu du couchant, du sol le pigment rouge terre. J'ouvrirais mes veines.  

Apposerai une trace sang pour signature.                                  

 Musique sanglée au fond d'une malle de souvenir

Muse attachée au piquet du passé

Poignet serré contre le tissu d'un champs  de soupirs.

Rouge, rouge, entends cette prière qu'aucune Sainte n'aura jamais prononcée. (même Blandine livrée aux lions n'aura élevée une supplique).

Ce qui reste passées les années, c'est le souvenir d'un grand silence.

C'est le silence qui m'interroge vois-tu, c'est le silence emplit de couleurs.

Rouge ensemencé de larmes et de soupirs, rouge habité du souvenir d'un combat.

Rouge libre, rouge-vie, plus jamais autre que sanglant

Où glisse une larme d'obscurité

Où gît un coeur sombre battant aux portes de la nuit.

Poésie aux symboles criants,

recueille en obole de chair

les hurlements de l'âme enserrée dans le secret.

Poésie de la douleur et des hurlements

Loin des tentures et des salons paisibles

en plein vent,

poésie dit, crie, tempête, enrage.

Poésie refuse de mourrir en silence éteinte par l'ignorance, poésie revendique bravement

son droit à l'existence, revendique sauvagement

sa liberté.

Poésie s'entoure de rouge, de matière et de terre,

frappe à nos portes couverte de sang.

Poésie explique dans ses visions qu'ils ont voulut l'assassiner,

la tuer, l'égorger, la condamner au silence.

Poésie dit je met le feu aux

 faux semblants, aux demi-teintes, aux ballets d'ombres, aux mensonges.

Poésie rappelle ce temps où libre elle allait voguant d'un temps à un autre.

 

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Rouge entends le chant de celle qui refuse de s'éteindre en silence.

Au couchant son âme se déverse en litres de feu.

Au début  la nuit éléve lentement un murmure

 puis elle s 'apaise en quelques notes d'obscurité.

Rouge, elle s'entends comme une mélodie secrète. 

Une mélodie grave, (rouge), dont tu es l'origine.  

Je retiens cette langueur. Rouge. Saisie par les bras noircis d'un arbre qui s'épanchent en frissonnant dans les flammes d'un couchant.

(Comme elle se déverse librement).  

 

 

 

 

La plume est rouge par le poing fermé.

Sur le divan, les larmes teintées résonnent à chaque chute.

Voilà bruissant la robe de chambre d'une musicienne exilée derrière son paravent de mots.

Déplaçant la tenture lourde de sens, attirée par le velours sombre, elle déambule dans ma mémoire.

Ma mémoire combat l'obscurité, je n'entrevois plus vos voix et déjà s'éloigne le souvenir des odeurs.

C'est un chant éteint voilé par le silence auquel je dédie chacun de mes mots.

Elle reprends la plume auparavant trempée dans son propre sang.

J'écris depuis des années grâce à cette encre, évidemment, continue t-elle, vous ne pouvez pas comprendre car jamais personne ne vous a ouverts les veines: moi si!

Régulièrement, les "monstres",  m'apaisant, me parlant à voix basse, douce, s'approchaient et sortaient leurs armes tranchantes.

Je n'avais jamais rien vu. Je ne comprenais rien dans ma naïveté d'enfant, à ce que ces gens faisaient.

Et puis un jour j'ai remarqué que je saignais. Les deux poignets, puis la gorge étaient ouvertes.

Le sang couvrait ma peau, tombait au sol. Je devais être de bonne constitution. Car je continuais à rire, à chantonner avec cette voix éraillée si caractéristique.

Fallait-il que l'espoir soit chevillé à cette peau dont les ouvertures laissaient apparaître tant de liquides pour que ce corps exsangue continue de se mouvoir avec autant d'indifférence.

Inspirée, j'attrapais la plume d'un oiseau de passage, le migrateur ou celui de malheur, je l'ignorais et m'en fichais tout autant.  

Pas de douleur à l'horizon, pas de souffrance. Juste ces mots de poèmes oubliés à moitié revenus qu'il me fallait poser sur la feuille.

Evidemment personne ne me regardais écrire en trempant dans mes veines ouvertes la pointe en biseau de la plume de l'oiseau, cela eût pu choquer et telle n'était pas mon intention.

C'est juste que de musicienne j'étais privée d'instrument et qu'il me fallait impérativement exprimer ces mots qui sans cela auraient continuer de tourner en boucle dans ma mémoire.

Il y aurait eu de quoi finir dingue, folle, hystérique ou bien sauvage.

Ce que je nommais alors "poésie" par commodité ou bien par paresse m'apparut comme la meilleure manière d'exprimer ce qui n'était qu'un long cri. Puisque de cette gorge ne sortait qu'un gargouillis informe, disgracieux et peu mélodieux...la plume discrète couvrirait en silence les feuillets de signes rouges.

Quelqu'un comprendrait-il?

Rien n'était moins sûr.

  

 

 

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