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Vol de notes...

* En dérivatif à l'ennui, je m'inscris sur la longue liste des âmes patientes, celles dont les eaux dorment, que le silence enrobe d'un éclat d'insolence, emporte vers l'inconscience.

Pardon, pardon vont les corbeaux croassant, mais seul le silence répond : de sa manière détachée : se faisant oublier sitôt l'écho passé.

Mine absente, regard vide, elle détends ses membres qu'une longue marche a tendu. Elle entre dans le café mon regard la suit. Sublime égérie que sa peau d'afrique précède d'une sombre encolure. Elle tangue au gré de mon désir, je vacille au rythme de ses pas.

L'illusion, princesse absolue, arme mon regard d'une pointe d'acier.

Je vais au gré de sa fantaisie, dissimulant mon ennui, simulant la présence. Puis j'oublie, la porte refermée, le bruit et le mouvement de tant de corps m'emportent.

*Une note en passant.

A un observateur.

Sur le chemin des tiennes, de notes, je pars à la rencontre d'une autre existence. Celle que l'on dissimule aux regards, celle qui appartient au recueillement. Je m'assied et j'entends sourdre la rivière souterraine, désirable, émouvante, puissante. Sur la paume de tes mains je pose un regard puis la joue, je m'endors pour ne plus rêver. Le regard se lève avec son inévitable gouffre inscrit dans le fond. Le trouble émeut les surfaces, serre les entrailles. Toi et moi, face à face, irréductibles ennemis, contraints au silence malgré le désir qui emplit l'espace que nous partageons. Mes yeux dans les tiens, rien d'autre. Juste la présence de tous ces regrets tapis dans l'ombre de nos sourires. Légers comme la fumée d'un thé mentholée, flottant sur ton visage, parfois le mien. Il n'existait pas autrechose que le rêve pour nous lier. Ce rêve qui te faisait attendre longtemps dehors la pose parfaite, celle que ton appareil allait saisir. Le moment de grâce qui séparait ta conscience de mon départ... A de nombreuses reprises ton modèle préféré allait jusqu'à épuiser toute ton attention pour te faire disparaitre, pour qu'enfin cesse ce décalage insupportable entre le modèle et son peintre, fût il équipé d'un appareil photo, qu'enfin cesse ce supplice de goutte d 'eau, étrangement loin de la réalité, inévitablement présent à l'arrière de mes voyages imaginaires, cet insupportable témoin, cette insupportable mémoire, ton insupportable présence... dissimulée dans la pénombre. Te souviens-tu de cette nuit, il y a trés longtemps ? De cette musique tirée de quelques gouttes d'eau qui faisait cinq temps à l'infini, cinq cercles dans laquelle ma mémoire se perdait, ces vibrations du temps, troublantes, aïgues comme des lâmes brûlantes approchant une peau nue. Cette nuit qui se perds dans le fond de ma mémoire où l'étrange allait survenir, où enfin pour la première fois j'allais comprendre que loin d'être seule il semblait que quelqu'un pouvait m'entendre, et ce quelqu'un c'était toi. Je t'ai retrouvé, ou plutôt je t'ai définitivement perdu en voulant comprendre ce qui faisait cet étrange son. Le bruit de ces quelques gouttes d'eaux qui tombaient sur le sol, dont l'écho ne m'avait jamais quitté. C'est en cherchant d'où provenait ce son que je t'ai trouvé, tapis dans un coin de rue, sous la pluie, l'appareil dissimulé dans un grand manteau. Tes yeux luisaient*. C'est étrange, je n'ai jamais eu peur de toi, j'aurais dû certainement... Nous sommes comme d'anciens amis qui se sont un jour trahis... Nos regards s'inventent à chaque recoin une nouvelle manière d'envisager ce qui nous fait défaut. Tu m'observes indéfiniment : inlassablement je cherche à t'éviter. Ou plutôt non, je me décale systématiquement pour éviter tes regards mais tu ne bouges jamais parce qu'évidemment le "grand angle c'est toi qui le détiens! Ces larmes de desespoir que je versais devant toi ce soir là, je les versais en ignorant que tu m'observais. Rêvant aux eaux mêlées de sable et de boues que charrient les grandes rivières d'Amérique du Sud, je me faisait un film en regardant la terre qui tombait sur le bord de la fenêtre, sentant sur mon visage entièrement mouillé les ruisseaux de larmes et de pluie. Je me serais bien laisser fondre sous le ciel noir de cette nuit d'orage en pensant à toutes ces années qui défilaient dans ma mémoire, mais l'image des grandes rivières au moment des crues retenait mon attention. Cette métaphore me plaisait.Pendant ce temps, tu étais là, recroquevillé dans le coin d'une rue , aux aguets, chassant la lumière dans l'obscurité, l'appareil armé, le bras posé, bloquant la pose qui te permettrait de ne pas rater le moment où las de te chercher dans la pénombre mon regard irait se perdre dans la course des nuages.

*note de texte : la chaleur que nous partageons.

"paroles et silence"

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