Pour tuer le temps :
On fume des clopes
On prends des drogues
On boit des verres d'alcool
Mais on oublie que c'est le temps qui nous tue.
On pourrait penser que le sommeil
nous aiderait à passer certaines rives
un autre côté du Temps,
prés de lacs aux reflets bleu-gris,
une fois le miroir retourné, on trouverait l'oubli.
Mais le silence mange la marge...
des pages de souvenirs écrits de mémoire.
Quelques neurones reliés entre eux filent Ariane...
sur un chemin où passent nos rêves (ceux que l'on n'appelle pas), où l'on regarde les souvenirs s'oxyder.
On pourrait penser qu'avec quelques rires, une larme de folie, une toile d'ennnui, les rebonds nous enverraient promener...loin, trés loin.
Mais il en est de la vie comme des souvenirs
c'est elle qui nous promène, rarement nous.
Donc puisque nous sommes un peu de ces feuilles au vent...que de liberté en somme il n'existe que dans nos rêves, puisque ce cours d'existence draine tant de cailloux qui finissent dans le fond de nos chaussures, qu'à force de marcher sur ces arêtes tranchantes nos pieds finissent en sang, on décide de s'asseoir tranquillement...sur le bord du chemin. On rallume une clope, peut-être une drogue mais finit-on par penser pas bien pire que nos illusions.
Le soleil imperturbable joue comme d'habitude dans le feuillage qui comme souvent se met à bruisser au moindre vent. Silence...L'écrin feuillu renferme un oisif dont le chant soudain me fait penser à...rien...absolument rien...
juste à l'envie de laisser ses oreilles se remplir de trilles.
Le bien-être!
Voilà ce qui pourrait renvoyer le son de l'ennui dans les cachots d'où malveillants corbeaux et croassants de tous poils l'avait tiré.
Pool!
Une peau de serpent le long du chemin, la mue des rampants. Je souris en marchant. Dans les nuages les souvenirs finissent de se disperser, j'avais aperçu quelques visages au loin. Les mousses ont recouverts les troncs des arbres. Une clochette jaune puis une pervenche...Encore quelques pas et je croise le dos luisant d'un insecte, un reflet bleu sur le dos en guise de bagage.
Ballades éternelles de ceux qui se perdent dans les sous-bois de la mémoire, où vont parfois hurlant les vents de l'hiver mais où souvent le Printemps surprend... Encore quelques pas et l'été aux goûts sucrés fera son entrée.
J'aurai la nacre d'un coquillage entre les doigts, sa coque irisée contre la paume refermée de ma main. Ce sera lent, long, presqu'insurmontable de lenteur. A ce moment j'aurais le sentiment posée là contre le sable à deux doigts du ciel que je suis un grain de sable. J'irai rouler dans la coque translucide, glisser contre la nacre, respirer l'océan. Il n'y aura rien d'autre que le vent le sable et l'océan, bruissant à quelques pas.
J'aurais enfin "tué le temps"!
Milles et un souvenirs, minutes, moments seront venus s'enrouler autour de moi, me portant vers le ciel, vers la lumière. L'ultime et décisif moment où tous les tourments, tourbillonnants, seront aspirés par le néant. Alors, l'oubli simplement rejoindra ma mémoire. Le miroir glissant sur lequel auront vécu tant de soupirs disparaîtra.
Le miroir glissant sur lequel auront vécu tant de soupirs aura disparu.