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J'écoute une chanson pop.
Le son passe, le rythme me lasse
Mon dos s'abandonne sur l'oreiller
J'oublie.
Mes pensée s'étonnent
D'avoir retrouvé ce chemin
Autrefois abandonné.
Chemin caché entre les lignes
Parcheminées d'une main
Qui se pose sur une autre.
Tout le jour, j'hésite à écrire
l'envie de te rejoindre.
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Dehors, l'air frais,
Les yeux pleins de fatigue,
A travers l'océan nuageux du ciel parisien,
Les regards pointus des oiseaux,
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défient les yeux étonnés,
d'un cinéaste de bazar.
Assis au coin d'une table de bistrot,
il sourit aux cœurs pris aux branches du désir.
L'eau fraîche d'une rivière semble couler sur leur corps amoureux
lisse leurs gestes,
adoucit les paumes de leurs mains,
ralentit à l'extrême le moindre de leur mouvement.
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Les hésitations de l'image qui se crée au loin
traverse l'espace de mes pensées.
(Jamais aucun rêve ne revient,
fugitif, échappé d'un monde imaginaire dont personne ne possède les cartes, son halo tremble dans le lointain pendant de longues années.)
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Je rêve d'un visage.
Le trajet des mains qui en suivent le contour
se détache lentement,
de la douceur de la bouche,
de la fragilité des paupières,
de la blancheur de la peau.
Cachés entre les doigts,
glissant contre l'os saillant des secondes,
les mots, retenus au seuil des lèvres.
Je rêve un visage épars,
où chaque centimètre
est un territoire qui se découvre,
une topographie qui se déchiffre lentement,
mais qui s'enregistre facilement.
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La nuit est revenue. Les étoiles scintillent. Le silence m'envahit de nouveau.
Les histoires s'éloignent, restent les pointillés auxquels je suis attachée.
Ils m’entraînent dans ton sillage discret.
Un étrange navire glisse, emportant mes pensée, loin du lit où je suis maintenant endormie.
Il traverse la ville, draguant l'air en silence à quelques lieues du sol, pour hisser à son
bord les âmes égarées, les pensées perdues, les idées abandonnées, les restes de pensées, toutes ces miettes de
de vie dont personne n'a su quoi faire.
Vagabonds ivres, solitaires acharnés, déchirés de toutes sortes ont laissé derrière eux
les mots qui les retenaient. Ils ne parlent plus, ne vivent plus, respirent à peine.
"Monte à bord" souffle doucement les voiles qui passent et tournent au dessus de leurs têtes.
La ville entre leurs bras qui accrochent encore le bitume disparaît.
Que se passe t-il après?
Personne ne pourra jamais le dire.
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De la lointaine étoile sur laquelle je suis endormie, j'observe et je réfléchis.
Quelle étrangeté parcourt certains de nos rêves!
Les scènes se superposent et s'échangent comme une pensée se dissous, sans raison apparente.
Le rêve est le seul lieu imaginaire qui reçoit autant de sensations et de représentations symboliques.
Il est à lui seul, un livre. Informel, brouillon, inachevé il renferme quantités de chemins à emprunter, de fils à suivre,
de sens à déchiffrer, ou tout simplement à laisser vivre en dehors de soi sous les lois de l'inconscient.
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Le rêve est le territoire imaginaire qui s'ouvre sous le regard étrange de la représentation.
Les yeux clos, le réel s'efface pour laisser place au ballet des images, des scènes, des sensations intérieures.
On quitte quelqu'un pour une rue déserte, des voix s'élèvent, un navire traverse la nuit, le même visage apparaît une fois,
deux fois, on tend le doigt pour le toucher, la lumière jaillit de ses os translucides.
On pense soudain à la scène réelle qui revient à la mémoire, à ces gens sans vie que l'on croise parfois.
Le navire que l'on voit en pensée qui est le souvenir d'une illustration d'enfance apparaît soudain comme un havre
comparé à la dureté et la froideur de la scène. Les étoiles brillantes au loin semblent appeler le regard. Elles semblent être
la seule destination de ce navire un peu fantomatique, dont les voiles fines se meuvent comme certaines
nageoires de poisson dans l'eau et susurrent par le frottement de l'air des mots dans le vent.
Tout disparaît soudainement.
La sensation de la douceur de l'oreiller contre la joue reprend sa force. Le bien-être nous entraîne dans une sorte de
sommeil profond qui ne laissera pas de souvenir.
Le repos arrive enfin, fait de silence, d'obscurité, et d'amnésie.