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Notes - Page 36

  • Couleurs et psaumes.

    Entre nous le silence est Eternel.

    Il a la couleur de l'Evangile dont la couverture usée, vieilli par le temps me rappelle tant de belles journées. Psaumes : assonances, allitérations, répétitions, jeux poètiques. Une tranche dorée, posée sur un coin de table de nuit veiné d'insomnie, chapeauté de quelques secondes orangées...Armoires anciennes, souvenirs de nuits étoilées, d'odeur d'été ou de printemps, de jolies choses ou d'autres moins jolies. Silence tapi dans les coins de pièces.

    "Nuit, le feu couve dans les dernières braise, un bouquet de fleurs blanches."

    Le jour se lève. Le soleil envoie ces concentrations de couleurs chaudes sur la planète. L'atmosphère absorbe ce rose d'un autre siècle, je le regarde se dissoudre dans les nuages au fur et à mesure que le ciel pâlit. Le soleil continue de lever ses voiles, parcourant inlassablement de ses teintes de pudeur outragée le fond de l'horizon rougeoyant. Il éclaire la terre. Les ombres fuient. C'est le spectacle de la lumière à l'oeuvre qui impressionne les yeux levés. Elle ne laisse aucune chance aux rampants, aux malins, aux vampires de la nuit, tous fuient et mes yeux rient de plaisir. Il ne reste bientôt plus rien de leurs sombres intentions.

    Le jour est levé, la terre dévoilée, nue sous un drapé d'herbes tendres.

  • Le monde du plagiat.

    jeudi, août 23, 2007

     

    Plagiat psychique : "Tom est mort", la polémique

     



    Camille Laurens en août 2006.


    chaque rentrée sa polémique, sa dispute, ses invectives. L'année dernière, c'était le gros roman de Jonathan Littell, Les Bienveillantes, qui avait suscité des commentaires opposés et des critiques passionnées - ou passionnelles. Cette année, c'est une autre querelle qui éclate, plus brutale et personnelle. Elle touche deux auteurs importants de la même maison, POL : Marie Darrieussecq, dont le premier roman, Truismes, avait paru en 1996, et Camille Laurens qui avait sorti son premier livre, Index, cinq ans plus tôt. La première publie en cette rentrée son huitième roman, Tom est mort. Comme son titre l'indique, le livre raconte une mort, celle d'un enfant, dix ans plus tôt. C'est la mère qui est la narratrice. C'est elle qui parle tout au long du livre, à la première personne. Or Marie Darrieussecq n'a jamais connu un tel deuil.



    Quant à Camille Laurens, elle avait publié, toujours chez POL, en 1995, un court récit, Philippe, relation de la mort de son bébé, l'année précédente, deux heures après sa naissance. C'est sur ce livre, et donc sur cette réalité du deuil qu'elle s'appuie dans un texte intitulé "Marie Darrieussecq ou le syndrome du coucou", à paraître au début de septembre en tête du dernier numéro de La Revue littéraire, publiée par les éditions Léo Scheer (no 32, automne 2007).

    C'est en juin, à Toulouse, que Camille Laurens apprend, raconte-t-elle, l'existence du livre de Marie Darrieussecq. Elle constate alors une certaine gêne de sa consoeur et de l'éditeur, Paul Otchakovsky-Laurens, pour lui en parler. "... Je me suis sentie soudain menacée, mais sans savoir de quoi."

    Elue entre-temps jury du prix Femina, Camille Laurens lit quelques jours plus tard Tom est mort, dit-elle, "dans un vertige de douleur, le sentiment d'une usurpation d'identité, la nausée d'assister par moments à une sorte de plagiat psychique". Elle rappelle ensuite une autre polémique, qui avait été lancée en 1998 par Marie NDiaye contre Marie Darrieussecq qui publiait alors son deuxième roman, Naissance des fantômes. La première accusait la seconde non de "plagiat" mais de "singerie" de ses propres romans. La querelle avait fait long feu.

    Estimant que l'écrivain - mieux que le critique ou l'éditeur - "sait ce qui lui appartient", Camille Laurens écrit : "J'ai eu le sentiment, en le lisant, que Tom est mort avait été écrit dans ma chambre, le cul sur ma chaise ou vautrée dans mon lit de douleur. Marie Darrieussecq s'est invitée chez moi, elle squatte." Pour étayer ses accusations, elle affirme avoir "aisément" reconnu des "passages de Philippe, mais aussi de Cet absent-là où (elle) évoque cet enfant perdu (...) : phrase ou idée, scène ou situation, mais aussi rythme, syntaxe, toujours un peu modifiés mais manifestement inspirés de mon épreuve personnelle et de l'écriture de cette épreuve." Parmi les quelques exemples qu'elle cite, celui-ci : "Je ne suis pas le corps, je suis la tombe." (Philippe) ; "Sa terre natale, moi. Moi, en tombe." (Tom est mort). "Je ne dis pas que le piratage soit constant, mais les occurrences suffisent à créer une tonalité, un climat littéraire et stylistique, sur lesquels je ne peux pas me tromper", conclut-elle sur ce point.

    Pour Camille Laurens, Tom est mort "pose la question de l'obscénité et du cynisme" dans la mesure où Marie Darrieussecq, n'a pas, comme elle, vécu directement le drame de la mort de son enfant. "Au bout du compte, mise à part l'émotion facile et prompte, quel est le projet d'un tel déploiement sur un "thème" aussi consensuel ?", s'interroge-t-elle, avant de dénoncer "l'ambiguïté de l'instance narrative" : "La mort, d'accord, mais pour de faux. La mort, c'est du roman !"

    Enfin, faisant allusion au second "métier" de Marie Darrieussecq, la psychanalyse, Camille Laurens rappelle que la psychanalyse comme la littérature ont en commun une même "exigence de vérité" et ajoute : "La vérité ne va rien chercher en dehors d'elle-même - et surtout pas dans le discours des autres". En conclusion, elle grince : "Rappelons donc à la thérapeute distinguée comme à la romancière à succès qu'on n'endosse pas la douleur comme on endosse un chèque."

    Marie Darrieussecq, auteur d'une thèse sur l'autofiction, qu'elle ne pratique pas dans ses romans - à la différence de Camille Laurens - avait rendu hommage à celle-ci, et à son livre Philippe, dans un entretien à la revue professionnelle Livres Hebdo (du 29 juin), "l'un des livres pour lequel j'ai choisi POL". Anticipant peut-être la polémique elle avait déclaré : "Sans doute est-ce une grande transgression d'écrire une fiction avec la mort d'un enfant, mais avec les tabous, on ne peut pas écrire. Si l'on pense qu'il y a des sujets interdits, autant ne pas écrire."

    Jointe au téléphone, Marie Darrieussecq, très émue, se dit "calomniée" par Camille Laurens. "C'est une lutte haineuse où un écrivain veut tuer un autre écrivain", affirme-t-elle. C'est un "ignoble concours de douleurs" ressenti à la lecture de son texte. "Je suis mise en demeure de me justifier pour avoir osé parler de la mort des enfants." Puis elle explique : "On n'écrit pas Tom est mort sans raison. Mes parents ont perdu un enfant. Il y a eu chez eux une forme de silence que je respecte, admire. Je ne suis pas moins légitime comme soeur que comme mère endeuillée. Il y a une universalité de la douleur." A propos de la justification par le seul vécu, qui pose la question de l'autofiction, Darrieussecq ajoute : "Je suis un écrivain de fiction et j'ai voulu, dans un récit décalé, décrire les étapes de la douleur. J'ai cherché à être ce "je", cette première personne... J'ai pensé à Françoise Dolto qui parle des universaux du deuil. Les mères endeuillées ont toutes les mêmes cris."

    Quant à Paul Otchakovsky-Laurens, il nous a dit son intention de répondre à Camille Laurens, dont il annonce qu'il n'éditera plus les livres.

     

     

    ici

     

     

     

  • Tu adores les notes.

     

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    Tu adores les notes.

    Ta mémoire fout le camp. Y'a rien à faire. Faut que tu notes. Un, deux, trois, hop la boum, un stylo et voilà la note. Tu en as partout des notes comme ça. Des fois tu te dis qu’il faudrait en faire quelque chose de ces bouts de pensées. Encore que la plupart du temps ça ne ressemble pas à ce que tu pourrais nommer des pensées. Plutôt des genres de trucs qui te passent par la tête, comme la couleur d'un chemisier de femme croisée dans une rame de métro un jour où franchement y'avait rien de mieux à faire qu'à admirer les effets de la mode sur la gente féminine.  Ce chemisier tu l’as quand même trouvé très beau malgré son air désuet. Mais c'est surtout, as-tu pensé rapidement la fille qui le portait qui l'était, belle. Indubitablement. Une quarantaine d'année, des cheveux blond foncé, longs, pas trop lisses, assez épais ; un visage fin et marqué par des traits bien présents. Pas le genre de femme à se faire passer pour une idiote quand il reste un brin de cervelle en action : Jean’s en dessous de la ceinture, plutôt ceinturon même, bottes texanes. Le chemisier en fait était vert foncé, la matière ancienne, ce qui t'as plu je crois c'est le dessin des roses, les formes, la couleur. Tu as ressenti l’envie de passer un petit temps à regarder ce chemisier. Presque à te retrouver dans un jardin à l'anglaise, un peu flou, sous une pergola ou prés d'un ancien kiosque à musique. C'est un peu magique ce qui se passe quand tu commences à rêver :  _La lumière néon du métro s'éloigne, le bruit aussi, il se met à pousser des roses et la fraîcheur d'un coin de verdure se met à nous faire penser qu'on est carrément bien là. Alors que... en vrai, : on est assis sur son siège en simili cuir rouge, où tous les clochards de paris viennent dormir, voire faire pipi, voire encore pire. Bref, se croire à deux pas du Taj Mahal est une pure folie. On est rien qu'assis dans une rame pourrit, avec sa vie pas très loin, qui n'est pas toujours une partie de plaisir, et puis aussi ses pensées qui finissent par prendre la couleur de ses jours. C’est rarement Byzance_ Quand soudain un rien nous permet de nous en aller très loin, aussi loin de tout  qu'il est possible d'aller: directement sur la lune. Là où on a la paix! Là où rien en vient vous emmerder avec des conneries du genre, faut faire ci et puis ça et encore ça, genre on y passe sa vie puis un jour on meurt et deux secondes avant on se dit, mince! Le truc que j'ai préféré c'est quand même de rêver. Voilà soudain que quelqu'un se met à vous offrir, non pas un bouquet de rose à la impulse : "l'inconnu qui vous offre des fleurs" non, plutôt "l'inconnu qui vous offre un rêve" enfin une rêverie...Gratos comme ça, sans même pouvoir se douter du cadeau qu’il vous fait. Et vous voilà partis, envolés, disparus, en pleine ballade dans un jardin à l'anglaise.  On aimerait bien pouvoir dire merci, pour ce gentil cadeau, mais bon là je crois qu'il ne faudrait pas aller jusqu'à exagérer, y'aurait certainement des gens qui seraient là pour dire que c'est un peu fou comme truc. Peut-être aurait- on un peu raison mais il n'empêche que cette idée te reste dans la tête pendant que le chemisier s'éloigne avec sa jolie inconnue.  Ces notes, évidemment tu les écris partout. Il fut un temps où elles se trouvaient lâchées sur tous les supports possibles et imaginables. Tu n’es pas le seul évidemment. Vous êtes nombreux à faire partie de la caste des « chroniqueurs du temps qui passe ».    On pourrait évoquer l’existence du fameux carnet. Acheté n'importe où, au gré des ballades, voyages et activités diverses. Ces carnets dont tu te souvenais toujours des circonstances d'achats finissaient par se draper des odeurs, des paysages, des sons, des endroits où tu les avais acquis.  Dans ta bibliothèque, entre les livres chèrement arrachés au temps qui passe, aux mains voleuses, aux aléas des lectures dans les endroits les plus improbables, tu avais insérés ces séries de carnets en tous genres. Certains étaient des agendas, d'autres des répertoires qui faute de mieux finirent par être utilisés comme carnets de notes. Quand tu les rassembles, tu t’amuses de les voir tous si différents.  

     

     Parfois il te prend l’envie de les recouvrir. Tu les fermes avec des ficelles, des rubans. Tu les ornes de toutes sortes de décorations : des autocollants promotionnels, des tickets de cinéma, des morceaux de papiers colorés, brillants...séduisants : des emballages de bonbons conservés pour leur craquant, leur scintillement de pacotille. Il s'agit en règle générale de flécher un parcours de mémoire....A l'aide de ces petits signes, tu recomposes des ambiances, retrouvent des lieux aimés. Tu te remémores certains épisodes de l’existence plus ou moins désastreux, plus ou moins glorieux, plus ou moins intéressants ou mémorables.  Cela te concerne personnellement. Cela n'est rien d'autre qu'un truc pour lutter contre l'oubli, une forme certainement pathologique de l'angoisse liée à la disparition, aux disparitions auxquelles nous sommes tous confrontés mais qui prennent chez certains des allures de drames, des allures de peurs anciennes, sagement enfouies, patiemment retranchées derrière des comportements de vie quotidienne balisées par des habitudes rassurantes.  Les psycho-trucs savent très bien expliquer à quoi sont dues toutes ces petites manies. Il n'en reste pas moins que la manie est plus fascinante que l'analyse qui en découle....Tant cette manie devient un jeu dont l'imagination peut se saisir avec toute sa liberté....Savoir garder ses particularités, les choyer, en prendre soin, se les conserver bien au chaud est une joie dont on soupçonne mal l'utilité et dont beaucoup négligent les implications salvatrices, conservatrices, protectrices.  Aujourd'hui le normatif dans cette société a pris une place si grande, qu'il en devient presque impossible d'échapper à ses grandes tentacules. A l'aide de la mode des psychologues investis du pouvoir de nous guérir de toutes nos phobies, de toutes nos angoisses on fait un amalgame qui tend à culpabiliser chacun d'entre nous de ne pas se livrer corps et âmes aux joies du tripotages intempestifs de nos inconscients par des gars plus ou moins habiles, des bonnes femmes plus ou moins bien achalandées en vertus humaines.  L'envahissement du psychisme de chacun n'interroge pas ou plus. On ne dit pas assez que nos inconscients sont des propriétés privées, des chasses gardées que l'on doit protéger de l'intrusion, qu'il faut garder à l'abri. Cela est aussi source de bien être et de sécurité.   Il apparaît je crois assez dingue, me semble t-il de devoir tenir un discours de ce genre. Or au moindre faux pas, à la moindre angoisse on se retrouve sommé moralement de se foutre à poil intellectuellement devant un quidam estampillé garde fou psychologique....Il me semble qu'il s'agit là d'une déviance de notre époque. De cette époque de privation et de réduction de nos libertés, de l'utilisation de nos libre arbitre aux insu de nos plein grés (!), de l'envahissement justement de nos psychismes par tout un tas de messages à caractères plus ou moins subliminaux et certainement assez répétitifs pour nous servir de repères conscients inconscients. La manière dont nos habitudes de vies sont guidées, balisées par des millions de messages..... De consommation par exemple....mais pas seulement car on sait depuis longtemps que les messages de ce genre sont bourrés de normes sociales.  On ne peut pas douter de l'effet culpabilisateur et angoissant sur ceux qui n'entrent pas dans ces modèles sociaux aux normes, bien taillés aux entournures histoires de laisser le moins d'espace possible pour respirer....pour penser, pour créer, pour inventer.  Si l'erreur est humaine c'est parce que sans erreur l'humanité n'avance pas, la perfection c'est le degré zéro de l'intelligence. La recherche de la perfection est laissée à ceux qui n'ont pas compris que la valeur de nos erreurs est supérieure à celle de nos réussites. De temps en temps, tu relis tes notes. Elles te donnent à voir le cours de ton existence, tes faux pas, tes hésitations. Tu avances en regardant. C'est parfois très instructif.... Bien sûr il t’arrive parfois de baisser les yeux sur certaines choses, comme il t’arrive de ne pas exprimer volontairement certaines réflexions. Si on prend le postulat du carnet intime on peut s'amuser à se livrer corps et âmes à une feuille de papier à défaut certainement de pouvoir le faire de vive voix. Or avec le temps tu as pris l'habitude de garder tes pensées pour soi. Tu as essayé de décrire autre chose que les humeurs fluctuantes qui sont l’apanage du quotidien. Tu as commencé à te livrer à toutes sortes de jeux dans ces carnets. Tu as établis des sortes de codes, en as fait des parcours fléchés semés de blanc, de non-dits, de silence pour ensuite t’exercer à retrouver le sens de ces absences volontaires. Des années après, lorsqu'un jour de nostalgie t’auras inciter à chercher dans ces carnets un renseignement précis, un souvenir dont la présence familière te seras douce, une image que tu auras particulièrement aimée. Les milles et unes branches de cet arbre immense qui te constitue, qui forment l'entrelacs de tes jardins intimes, de ton espace personnel, celui où seul ton regard est important, où seuls importent tes pensées malgré les invitations passagères que tu auras pu délivrer à ceux qui furent l'objet de tes pensées, se trouvent dessinées dans ces carnets de notes. En filigrane tu retrouveras parfois une minute d'existence particulière à laquelle tu reconnaîtras immédiatement l’utilité. Et jamais tu ne nieras ou n’ignoreras certains aspects. La justesse de ton regard affiné par le fil de l’eau, par la lame du rasoir où parfois ta peau s’est frottée est contenue dans ces carnets.   

     

     

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    Tu te retrouves intact, au sommet d’un monceaux de désirs préservés, au-delà, les considérations des autres, leurs jugements, leurs existences qui ne font que croiser la tienne par instant.

    La moue désabusée que tu portes sur les lèvres est celle qui te fait penser parfois que tu aurais pu mieux dire, mieux écrire, mieux déchiffrer les moments de ton existence. Tu nommes corps ou silence les instants de grâce où la lucidité te conduit. Cruel avec toi-même, étranger aux concessions qui sont la marque d’un temps compromis avec la laideur, tu exécutes une série de figures personnelles dont les trajets sont faits de regards, d’écoutes, de contemplations, de célébrations. Jamais tu n’insistes sur la valeur de tes croyances. Elles sont ainsi que le fil de l’eau, fluctuantes, changeantes, soumises à l’humeur, aux démons du nihilisme, à la tentation d’en finir une fois pour toutes avec ces discours dont tu ne maîtrises pas le cours. Et pourtant, tu reviens à toi, tu retrouves et te soumet à l’ordre inexplicable des mots en désordre que tu aimes faire glisser d’une occurrence à une autre. Juste retour en soi. A soi dans son écrin précieux d’intimité dialoguée. Juste une question de temps auquel tu te dois d’appartenir, la seconde ou le signe, la virgule syncopée. Une appropriation qui te donne la force de lutter contre le happement quotidien, vulgaire.

    Quand tu pars à la découverte de ces signes, que tu traces avec une patience infinie les cieux dévoilent des trajets secrets, la terre s’ouvre sur des labyrinthes dont la vue provoque en toi une jubilation enfantine. Oui, tu l’avais pressenti, il existe d’innombrables mystères à explorer, des forêts entières de mots à combiner, à entailler, pour en extraire le suc, des quantités de rêveries à explorer, où se lover dans ces cercles de temps suspendu, retrouvé. 

    Improbable dirait on parfois, tant l’équilibre est difficile à maintenir dans ce désordre intime, constitué d’émotions indéfinies, irréductibles au seul mot, mais où finit par affleurer à force d’évocations, de points de suspensions, de silences, le reflet d'une humanité attentive à elle-même, habitée par une respiration que l’on a laissé s’épanouir, hors des frontières du dicible…  Page après page, tu relis tes notes. Elles s'étalent sur plusieurs années; les jours de pluie et ceux de grand soleil y sont contés. C'est un peu ta mémoire, un peu ton idée du temps qui passe. Très souvent tu regardes ton reflet se défaire au fil de l'eau. Ces images, double fantomatiques te fascinent, ne cessent de retenir ton attention, suscitent interrogations et reflexions...Tu aimes savoir que ce temps que tu passes à contempler ces reflets ne se rattrape pas. D'ailleurs ta mémoire te renvoie de manière régulière, à la manière d'un ressac cette phrase que tu finis par noter :

     

    "Tes souvenirs ne sont que le reflet de ce qui fut, pas ce qui fut..."

     

      

  • Flammes.

    Le soir coule dans l'océan, les étangs dérivent, le silence s'emplit au coeur d'un monde qui nous enchante/

    Partition unique, extrême beauté de cette nature qui s'offre le miroitement d'une aile à la surface de l'eau; éclat de vie éternelle, celle qui nous survit, et nous précède.

    Je me disais en te regardant, " le feu coule ses regards flous en nous" ou bien " le feu écroule ses laves en nous, ecroule ses boues monumentales, écroule les pans entiers de montagnes perdues, d'ilots engloutis". Drôle! me suis-je encore dis, il reste un volcan en ébullition quelquepart.