La forme d'un souvenir _ deuxième évocation
crédit photo : moi-même
La photographie pratiquée en amateur est une activité magique pour ce qui concerne tous les détails
qui permettent aux réminiscences de la mémoire de faire le chemin en sens inverse donc d'apparaître
dans le présent.
J'étais en train de rêvasser, ce qui est souvent le cas lorsque j'emporte mon appareil avec moi dans
une ballade...
Donc je rêvassais tranquillement en regardant un peu autour de moi, le café branchouille, les sapes,
les "look", coiffures et autres colifichets suspendus aux cous et aux oreilles de ces dames et
damoiseaux et j'ai remarqué le reflet presque parfait d'un verre renversé dans une flaque d'eau.
Comme souvent j'ai pensé aux projections mathématiques, et à cette incroyable croyance qui nous fait
parfois penser qu'il existerait un monde doublé projeté du nôtre (preque parfait irréel) et qui en fait moi
me fascine depuis l'enfance. Depuis où que je sois allée, quoique j'ai pu faire il a toujours existé cette
fenêtre sur l'ailleurs, emplie d'imaginaire, d'abcisses et d'ordonnées, de longitudes et de latitudes, de
croisements de lignes où poser un point, de parrallèles tendant vers l'infini qui ne se rejoindront jamais
sauf à la faveur d'un calcul sur une machine peut-être!
Notedelaredacdicietpasdailleurs
En même temps ces photos me rappelle le travail des photographes de cette fin de Siècle
( et de ce début de nouveau Siècle, un peu gauche d'ailleurs artistiquement parlant
mais...) appliqués à créer une esthétique du presque rien, du vide, de l'attente ou de
l'après-guerre. Souvent lors d'expositions je me faisais remarquer que ces moments
étaient souvent plus révélateurs de l'événement que l'événement lui-même. A mon sens
évidemment ils sont le reflet un peu trouble du désastre qui vient d'avoir lieu et ont une
sorte de parfum particulier qui me rappelle aussi l'atmosphère d'un des films de Tenessee
Williams : Baby-Doll. Les jeux de l'évocation croisent ceux de l'invocation.
Je regarde le reflet du verre renversé. J'ai raté l'action mais ce n'est pas elle qui
m'interesse, finalement. Pour rêver il faut temps et de l'espace ce que ne laisse pas
l'action car elle avale l'énergie, envahit et pompe l'air de tout le monde. Rire. Je préfère
ce verre renversé et son reflet qui eux m'évoquent beaucoup plus.