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Sédiments_Avant-Garde_© - Page 92

  • La forme d'un souvenir (2)

                        La forme d'un souvenir _ deuxième évocation                   

                   

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                                                                    crédit photo : moi-même


    La photographie pratiquée en amateur est une activité magique pour ce qui concerne tous les détails

    qui permettent aux réminiscences de la mémoire de faire le chemin en sens inverse donc d'apparaître

    dans le présent.


    J'étais en train de rêvasser, ce qui est souvent le cas lorsque j'emporte mon appareil avec moi dans

    une ballade...


    Donc je rêvassais tranquillement en regardant un peu autour de moi, le café branchouille, les sapes,

    les "look", coiffures et autres colifichets suspendus aux cous et aux oreilles de ces dames et

    damoiseaux et j'ai remarqué le reflet presque parfait d'un verre renversé dans une flaque d'eau.

    Comme souvent j'ai pensé aux projections mathématiques, et à cette incroyable croyance qui nous fait

    parfois penser qu'il existerait un monde doublé projeté du nôtre (preque parfait irréel) et qui en fait moi

    me fascine depuis l'enfance. Depuis où que je sois allée, quoique j'ai pu faire il a toujours existé cette

    fenêtre sur l'ailleurs, emplie d'imaginaire, d'abcisses et d'ordonnées, de longitudes et de latitudes, de

    croisements de lignes où poser un point, de parrallèles tendant vers l'infini qui ne se rejoindront jamais

    sauf à la faveur d'un calcul sur une machine peut-être!



    Notedelaredacdicietpasdailleurs

    En même temps ces photos me rappelle le travail des photographes de cette fin de Siècle

    ( et de ce début de nouveau Siècle, un peu gauche d'ailleurs artistiquement parlant

    mais...) appliqués à créer u
    ne esthétique du presque rien, du vide, de l'attente ou de

    l'après-guerre. Souvent lors 
    d'expositions je me faisais remarquer que ces moments

    étaient souvent plus révélateurs de 
    l'événement que l'événement lui-même. A mon sens

    évidemment ils sont le reflet un peu trouble du 
    désastre qui vient d'avoir lieu et ont une

    sorte de parfum particulier qui me rappelle aussi l'atmosphère 
    d'un des films de Tenessee

    Williams : Baby-Doll. Les jeux de l'évocation croisent ceux de l'invocation. 

    Je regarde le reflet du verre renversé. J'ai raté l'action mais ce n'est pas elle qui

    m'interesse, finalement. Pour rêver il faut temps et de l'espace ce que ne laisse pas

    l'action car elle avale l'énergie, envahit et pompe l'air de tout le monde. Rire. Je préfère

    ce verre renversé et son reflet qui eux m'évoquent beaucoup plus.


     

  • La forme d'un souvenir.

     

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    Je lisais un texte sur la Seine et j'étais en train de rêver à

    ce que les courbes sinueuses de son trajet dans la terre

    avaient inspiré aux poètes quand je me suis souvenue que

    Paul Celan avait mis fin à ses jours en sautant dedans un

    soir d'hiver. Je pensais à la douceur d'une main amie, aux

    sourires qui font échapper à tout ce que le travail d'un

    artiste a de dérangeant et qui provoque des remous et des

    troubles à l'âme.

    Puis j'ai pensé à la chanson de Brassens "Chanson pour l'auvergnat", aux ballades dans

    une des forêts du Vercors,  à l'ami qui m'expliquait comment à travers les sentiers les

    compagnons de la libération circulaient. La nuit était entière. Pas de lune. Aucun

    éclairage. Pendant qu'il parlait j'entendais nos souliers de marche racler le sol caillouteux,

    sa main nerveuse dans la mienne, la froideur du vent autour, la respiration retenue,

    le silence. En relevant les yeux pour scruter les étoiles je m'aperçus qu'elles étaient

    absentes. Me retournant en pensée je me souvins des tourbillons de l'eau saumâtre de la

    Seine lorsqu'un jour attendant un rendez vous je m'attardais sur le Pont Notre Dame.

    J'avais noté la couleur jaune et grise en me disant que ces tourbillons à la surface

    ressemblaient aux tourbillons que l'on voit parfois dans certains tableaux de Van Gogh,

    dans le ciel de la nuit justement.

    Van Gogh savait-il qu'à la surface des étoiles des tourbillons (que l'on peut voir

    aujourd'hui grâce aux photographies de l'espace) provenant de gaz en fusion

    se forment et ressemblent étrangement aux tourbillons par lesquels ils tentaient peut-

    être en les dessinant à la place d'une étoile fixe de représenter une sorte de remou de

    l'âme, comme une folie? Le savait-il? Le pressentait-il?

    Etrange comme les correspondances de formes à travers le temps nous apparaissent

    parfois comme délivrant du sens où en tout cas de l'émotion.


    Certains sentiments vous tuent, d'autres vous réchauffent.

    Entre deux l'indéfini, le flou qui vous ravit et vous repose quelques instants... comme ces

    tourbillons dans l'eau ou bien ces scintillements d'étoiles au loin. Rien de trés important,

    ni de très grave, juste quelques instants arrachés au temps qui passe comme la Seine qui

    coule et emporte avec elle jusqu'à son propre souvenir.

    Peut-être finalement le plus important de nos existences circule t-il entre nos mots,

    entre nos phrases dans les silences qui ponctuent nos respirations, entre deux

    mouvements, deux villes ; entre un avant et un après idéalisé, le visage imaginaire

    du futur que l'on dessine par avance où l'on trouve encore des traces du passé mais qui

    devient par la force d'une phrase, d'un mot, d'un accord trouvé le présent auquel il sera

    toujours temps d'imprimer toutes les sinuosités que l'on souhaite.
     


  • J'ai fait des rêves.



    You're beautiful


    J'ai fait des rêves.

    J'ai fait des rêves pour dix, pour cent, pour milles.

    J'ai fait des rêves pour eux (à venir) pour toi qui est déjà là et pour ceux qui furent.

    Des rêves?

    C'est peu et c'est beaucoup.

    C'est trop mais jamais assez.

    C'est ainsi que va le monde.

    Les premiers rêvent de ce que les suivants construiront.

    Ainsi que va le monde, s'il va! 

    Mais...

    Parfois quand tout est épuisé, construit, digéré, intégré, il reste un vide.

    L'enveloppe dégonflée de ces millions d'espoirs, le rien du tout un peu vague, qui moi me fait et me fera

    toujours un peu rêver...


    C'est peu?

    Beaucoup?

    Enormément?

    Oui certainement le rêve que je préfère : juste un peu de vent à la fin d'une journée, les yeux tournés

    vers l'océan, le visage offert aux fines gouttes d'embruns.


    C'est juste ce moment que je voudrais garder éternellement.

     

  • Part-time lovers!

     

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    Crédit photo : moi-même

    Part-time lovers 1985 Motown


    De l'enfance je garde le goût du rose, des fanfreluches, l'odeur de la barbe à papa, des gaufres.

    Je sais qu'il est de bon ton aujourd'hui de cultiver son complexe de Peter Pan mais certains dont je fais

    partie ne sont pas volontairement resté encore un peu gamin, ils ont juste un peu oublié de grandir.

    J'aime mes souvenirs.

    J'aime les enfants que nous étions, les bandes que nous formions, les courses échévelées quand nous

    avions fait une bêtise pour échapper à la patrouille des policiers municipaux, les cavalcades dans les

    escaliers de béton pas trés beaux, les chutes de vélo, la profondeur du ciel bleu au dessus de nous,

    l'été qui arrivait, les jupes qui s'allongeaient, les rires et les claques, les larmes et les jeux.


    Bien sûr l'enfance n'est pas toujours trés "rose" mais comment vous dire ce que représente

    pour moi toute cette collection de souvenirs : un trésor peut-être, mieux, une maison imaginaire dont

    j'aime ouvrir la porte à certains moments et qui me rappelle souvent que la vie malgré Les Enfers qui

    guettent n'est peut-être pas une partie de plaisir mais en tout cas elle vaut la peine d'être vécue, loin du

    mensonge si l'on peut...en restant un peu enfant, un peu naïf, un peu border-line, un peu loin du monde

    tel qu'il est et plus près de celui que l'on voudrait voir exister.