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  • Un rêve s'épanouit

     

     
     
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    Le soir, ce rêve pâle, s'épanouit à l'entrée de la nuit.
    En secret coulent des torrents de lave...
    Contre la plante de nos pieds
    On sent la terre gonfler.

    Dans l'air épuré on peut entendre des millions de mots
    Renverser, parcourir le silence
    Envahir l'espace
    Saturer l'air d'un murmure continuel.

    Mot à mot engagé dans un combat de corps.
    Paroles en l'air résonnent ou mats, tombent au sol.
    Glissent et rampent à nos genoux, vont happant les chevilles, pour voir un peu plus haut, dans les cieux brûlés se déchirer des lambeaux d'atours.

    Poudres, ors, étages violacés.
    Empourprée l'eau cristalline dévale la vallée endormie.
    En nos tours retranchées les dernières lumières, sabrent en ponctuant de pluies sombres, la majesté de nos silences.

    La nuit a fait place au matin.
    L'aurore en déchirant ma mémoire s'est planté de cristaux d'améthyste.
    J'ai rêvé cristal, des cailloux gravant dans la chair des histoires de cieux merveilleux, mais le réveil était froid comme un reflet d'acier passant sur une pupille noire.

    Nuit. Quelle nuit!
    Il n'y a pas à dire : le cou déployé, porté, offert, dégorge et se rompt.
    Dégorge. Se rompt. Pas de deux en détournant l'axe rompu, dégorge d'eaux de silence, d'os de silence.
    Dévalent en cascadant, les rires cristallins d'une eau enchanteresse, découverte au creux d'une vallée enfouie.
    Milles murmures entreprennent d'exister dans le silence de la nuit. Milles impressions se notent en travers de nos gorges enfouies de souffles étranges. Le vent. La nuit.
    C'est porté au long de nos respirations qu'un manifeste se dit.
    Celui qui déclare sa flamme, petite encore, pour lui donner à l'air libre l'élan nécessaire. Celle qui montre ses dents pour offrir l'émail lisse aux langues de feu. Oxygène.
    Langage d'exil où les deux se trouvent, à tâtons, entre les murs.
    Comme si leur silence était né de ce langage particulier, où tout ce qui doit rester dans l'ombre du mot ne serait jamais désigné autrement que par l'évocation.

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    Ombres, quelles ombres?
    Celles qui oscillent autour des axes miroitants?
    Des miroirs brisés, des cristaux?

    Pourtant se réfléchit une drôle de lumière sur votre peau.
    Elle est blanche...à l'intérieur mangée au bord par une ombre. D'un regard on saisit le mouvement comme une marée lente envahit un rivage désert. Un visage flou, au loin disparaît. L'ombre saisit les bords retournés de ces peaux d'insomnies tendues, aux entournures serrées, engoncée dans leur costume de silence; entre les mots voyagent à pas comptés les mots des autres dans votre souvenir survivants.

    Fidèles compagnons de vos désirs de départ quand, dans la nostalgie, vous errez avec délectation, quand tout est détruit autour... Que reste t-il d'autre dans vos souvenirs, que des fantômes de bonheur en papier mâché, en papier tremblant au bord de vos yeux humides? Ce sont des mots, rien que des mots.
    Des amants vous gardez l'art de la rhétorique amoureuse, l'esprit, la flamme, mais il y a bien longtemps que vous avez oublié ce que le coeur peut délivrer à tout instant au contact de l'autre.
    Oui des mots toujours et encore des mots...
    Rêves, délires, exagérations, élucubrations de toutes sortes...Poésie feinte, inintéressante, larmoyante, pénible en un mot. La mémoire accrochée à un lambeau de souvenir, le vide autour, envahissant, à vous rendre fou, votre écriture à définitivement sombré dans la neurasthénie.
    Page blanche, couverte de signes informes, doubles sens et conjonction des contraires. Rien. Rien ne sortira plus de vous. Rien d'autre qu'un galimatia illisible dont forcément vous ne vous vanterez pas. Vous écrivez à perte de souffle, à bout de tout, au secours de votre "être" qui s"affaisse et se perd dans le néant. Vous écrivez à la recherche de bouées, de balises, de sémaphores dans la nuit qui vous entoure. Tout ce vide, ces cris de chouettes lugubres, ces armées de bestioles en lutte pour la survie, ça vous donne envie de dégueuler votre dernier café. Et surtout le vide, l'obscurité, le silence qui parfois vous étreint, se transforme en angoisse terrible, vous prend la gorge. Vous la serre, comme s'il voulez entrer en vous; vous envahir, vous engloutir, faire de vous une carcasse où le vent ira jouer ses symphonies funèbres avec des airs de ne jamais y toucher. C'est à dégueuler tout ce silence. Bien entendu il va falloir vous accrocher à l'idée qu'il y a un peu de poésie dans tout cela, si vous voulez continuer à vous répandre lamentablement dans les contretemps, sans rien vous dire d'autre. Il va falloir en trouver des conneries à débiter en tronçons pour trouver la balise, le sémaphore qui va vous indiquer que bientôt. Ouf. Le rocher n'est pas loin. Vous pourrez mettre votre vieux corps au sec, lui donner le temps d'éponger toutes les années d'emmerdes noires qui ont précédées. Ce moment béni où vous aurez enfin le corps sorti de cette océan d'ordure que l'on nomme : "la vie" et où vous pourrez enfin vous dire sagement, en souriant un peu, "tiens ça commence à ressembler à ce que j'aime".
    C'est la rançon destinée à ceux qui ont usés leur peau contre la sale vie, celle des gens du matin, du quotidien, de la rancune et de l'envie. Vous savez bien qu'ils n'ont rien d'autre à foutre qu'à balancer leur bile vénéneuse de tous les côtés. Ca pue, ça tâche, c'est comme le gros rouge, un truc de dégueulasse. Il n'y a rien d'autre à dire. Vous savez tout cela mieux que personne. On vous a prévenu. On vous l'a écrit, seriné, chanté, braillé sur tous les tons.

    Rien n'est rêve ici. Tout est chose. Va falloir vous y habituer!

    En levant les yeux au ciel vous vous dîtes que le reflet pâle et tremblant de la lune ne vous a pas quitté... L'ombre blanche, fantomatique que vous invoquez si souvent se perd dans les brumes déjà des nuages, vous la suivez du regard, vous aimeriez voyager à sa suite. Les trajets de la lune se perdent dans votre mémoire.

    La pluie tombe à travers votre regard. On dirait qu'elle lave le sol, l'air, le ciel. On dirait qu'une fois tombée cette pluie vous aura débarrassée de toute la saleté accumulée. Celle des autres toujours que vous prenez de plein fouet, celle qui vous encrasse les neurones, celle dont il est si difficile de se défaire : les mauvais rêves, les épisodes traumatisants de votre vie, les deuils encore une fois à faire, les désillusions dont on ne cesse de découvrir la profondeur et l'étendue... Rien. La pluie est tombée. Vous êtes assis sur le sol comme un pauvre homme abandonné. Vous vous accrochez à quelques idées, mais ce ne sont que des pensées. Rien de vrai, de réel, de concret, de vivant. Des mots à perte de vue. Sur l'horizon dansant, dans le rideau de pluie, par le vent chuchoté : des mots.
    Et quand vous en avez assez de tout ces mots qui à force d'exister seuls se baladent dans votre mémoire. Vous éteignez le son, enfouissez le tout sous un manteau de silence. Vous le portez toujours.

    Et ce toujours n'est pas de ceux qui vous trahissent, il est votre définition de la permanence, de cet état profond d'ennui qu'on ne saurait vous retirer sans vous arracher la peau.

    La lune tremble indéfiniment dans son ciel épinglée.

     

     

     

     

     

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    -"Vous pleurez?

    Ce n'est rien. Ce sont seulement vos yeux qui débordent. C'est la marée trés cher. Oui l'eau et la lune. C'est connu. Enfin d'habitude cela fait rire. Oui, rire. Aux éclats même. La lune, l'eau c'est une de ces histoires anciennes que les vieux gardent sous le coude pour charmer les nouveaux venus, les enfants, je veux dire. Vous voyez je sais tout. Enfin disons qu'il m'arrive de le croire...Cela dure très peu. Je me remets bien vite à considérer mon ignorance comme étant la plus grande. Vous vous souvenez de la phrase? "Tout ce que je sais, c'est que j'ignore" ou en substance quelque chose de ce genre. Je ne retiens jamais les citations ni même leurs auteurs d'ailleurs. J'ai finit par dire un jour que je préférais faire les miennes, tant j'étais en colère contre ces satanées phrases précises. Je n'ai pas de mémoire".

    -"Vous souriez?
    C'est déjà ça. Vous voyez les larmes c'est un peu comme la bruine ça finit par passer. Tout d'ailleurs...finit par passer. Y'a qu'à bien regarder la tronche des vieux! Ils ont finit par passer. Un peu comme le temps si on y regarde de plus prés. J'aime pas les vieux en vrai, ni les jeunes d'ailleurs. Je vous parle comme si vous étiez mon ami. Ca ne vous dérange pas? Non. C'est vrai? En fait, vous m'étonnez, vous devriez être mort depuis longtemps si je peux me permettre, mais bon, elle à l'air d'y tenir à la vie, votre carcasse.

    Oui je vous disais que je n'aimais ni les vieux ni les jeunes. Je sais c'est un peu bizarre. Mais vous savez, je n'ai pas peur de l'être...bizarre je veux dire. Comme c'est pas interdit par la loi, j'en profite. Vous souriez? Oui je sais je dis des conneries ce soir. J'ai envie de m'amuser. Je m'ennuie tellement. C'est rare vous savez de s'emmerder autant. Mais bon c'est de naissance, la vie m'emmerde, les gens me saoûlent, les animaux n'en parlons même pas : je saque pas. Oui je sais vous n'avez pas beaucoup de chance, vous, dans la vie. Faire des rencontres du genre de la mienne ça rassure pas. Je compatis. Sérieusement. Mais non, n'allez pas recommencer à pleurer. Je ne me moque pas, promis je ne me fous pas de vous".

    _"Je ne pleure plus. Regardez".

    Pour la première fois, il lève ses yeux vers moi. Ils sont noirs. C'est une manie chez moi de ne croiser que des yeux noirs. Ils sont beaux dis donc. Et puis, il a un joli sourire ce type. Il a une drôle de tête quand même. On dirait un pierrot triste. Un genre de Pierrot, pas trop fou j'espère, enfin ça a pas l'air. Mes yeux ont l'air d'être égarés dans les siens. Je le regarde trop il va s'inquiéter. Bon hop regarde ailleurs ma vieille.

    _"Alors racontez moi vous faîtes quoi de votre vie? Et puis d'abord commencez par me dire ce que vous faîtes là ce soir, c'est pourrit comme endroit. Bon ça pourrait être joli mais y'a la poubelle là. Ouais pas terrible la "bin". Ca pue un peu vous ne trouvez pas?"

    _"Non... Je n'avais pas remarqué. Vous savez, je ne me suis pas trop occupé de l'endroit. J'avais envie d'être un peu seul. Pour pleurer tranquille. Si vous voyez ce que je veux dire..."

    _"Je vous dérange, excusez moi je vais reprendre ma promenade. Vous savez j'ai pensé que ça vous ferez plaisir de parler avec quelqu'un. Pour vous distraire, vous voyez un peu de votre...chagrin. Comme il y a un casino derrière nous, j'ai pensé que vous aviez perdu  de l'argent au jeu. Ca m'aurait interessée moi vous voyez d'entendre les confessions d'un joueur impénitent".

    Il éclate de rire. C'est beau un homme qui rit comme ça. Je reste ébahie par son rire. Ca me ferait cent ans un rire comme celui-là... si je me laissais aller à rêver un peu... Mais non. Je ne rêve plus moi. J'ai plus le temps. Je les ai mangé mes rêves pour tenir le coup.

    Je me tourne face à l'océan. L'horizon est tellement courbe, avec cette belle lumière de voix (e) lactée au centre. J'ai envie de contempler l'océan, d'entendre le bruit des vagues , du vent. Il se lève. Il s'en va. Je le regarde partir vaguement. Je reprends ma ballade.

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    Bleu fragile,
    Bleu facile,
    Bleu de ciel entoilé nuageux, voyageur, rêveur
    Bleu de tant de d'ailes, absolument renversées,
    Erre entre les mots des vivants,
    la paix des absents.

    Le silence détonnant dans un bleu parsemé de graines de nuages, que certains auraient envie de planter un peu tout autour de ce bleu si paisible. Passible d'entraîner nos iris dans un fondant de chocolat, de crème caramel. Bleu pour peintre, bleu pour fous de liberté. Bleu pour délirant drogué d'oxygène. Bleu entraîné pour un décollage définitif. Au dessus des nuages, voyage l'image projetée de la terre dans son halo bleu.

    Bleu gracile. Voyage facile entre les nuages, entre les moments d'absences calculées : sur le fil où le moineau en équilibre tient ses jours au dessus du vide.

    Des milliards de bulles d'airs flottent autour.
    Il en gobe une, léger, entre les repas...

    Quelqu'un m'oblige à lever mon objectif vers cette fenêtre jaunie où deux mésanges se tiennent l'une à côté de l'autre...Prés de Georges en Bataille, son dernier nid. Imbécile! Le carreau est brisé. Les moineaux sont figés. C'est sale, laid. J'aurais du simuler un mal de poignet. Je ne me souviens plus du reste de la scène. La rue qui descend, à pic, la cathédrale immense derrière nous, les volets bleu-gris peints après sa mort.

    Ces cons! Ils veulent tout conserver! Certaine qu'en entrant ils ont laissés pourrir un morceau de pomme pour faire plus vrai, sur la table miteuse qu'il a fallut repeindre ou remplacer par une plus propre....depuis sa mort. Il est mort quand au fait? Il y a longtemps, bien longtemps. J'ai envie de vomir mon quatre ou mon dix heures. Ca pue la mort et l'embaumement. Il n'est plus là. Plus aucun de ceux-là n'est encore vivant. Max jacob prés de ce prieuré où il avait trouvé refuge quelques années avant d'être condamné par les "monstres" de son époque, écrivait de petits textes sur des joueurs de dés, des moineaux, des mésanges....En attendant la mort. Bataille allongé non loin de cet immense tombeau qu'est la cathédrale regardait passer les mésanges. Et Bousquet, ignoré, pillé, enfermé dans une autre de ces chambres d'où il transformait son lit en immense vaisseau toutes voiles dehors...

    Morts.

    Rien ne se perd ici tout se transforme. La merde en or, les cons en experts fouilleurs de tombeaux. On retourne bien la terre pour y planter de jeunes graines pourquoi ne pas recycler les lambeaux de nos mémoires accrochées à quelques lignes de texte où se tiennent encore droites nos âmes en attente d'envol.

    Mais il y a... survivent, subsistent, s'accrochent, transparaissent, éclairent, trouent l'obscurité, des paroles qui sont impossibles à nier, impossible à raturer même en tirant dessus avec un flingue, des textes inscrits dans le marbre de nos mémoires collectives. De vrais, de probes, d'intelligents et d'indestructibles textes, de ceux que l'on ne touche plus, que l'on ne modifie pas, qui sont des fils d'aciers conducteurs de hautes pensées, de nobles pensées, de celles que rien ne vient altérer, ni les temps, ni la paresse ou l'imbécillité de ceux qui les lisent.

    Heureusement encore. Car je me demande avec quoi l'humanité survivrait si certains n'avaient pas tous sacrifiés pour conduire le troupeau hors de ses couches d'enfance pleines de mouise.

    Open one of them. Close the curtains. Turn off the light. In the darkened room lift up your soul, out of this bloody shit area.

    or...

    Have a breath. Dig and swim far away.

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    Trois couleurs sombres

     

     

     

     

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    _ Je prends le Rouge pour état permanent.

    _ Je convoque le Noir pour accompagner le cortège de mes illusions défuntes.

    _ Pour donner à l'ensemble un air iodé j'appelle le Bleu des océans.

    Ici : la lumière tombante.



    A l'aube j'invoque mes rêves de sables :


    0cre


    Safran.


    Terre.

    Où est le désert se trouve mon rêve en suspens


    Pris dans un filet de nuit mêlé de diamants.

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    Parce que certains jours portent le deuil du jour suivant que le précédent a du porter sur ces épaules pour tenir jusque celui-ci...
    Il vaut mieux taire et encore taire. Peut-être évitera t-on le bavardage insipide de ceux qui envient car ils ignorent ce qu'est cette seule et unique souffrance de devoir exister au lieu de vivre simplement.

    Disons que ce n'est rien. Il arrive certainement un moment où toutes les questions se résolvent en une seule définitive et l'on ira pas s'en plaindre.

    Non vraiment on ira pas s'en plaindre.

     

     

     

     

     

  • Mouvement.

    D'un seul mouvement la terre amplifie la plénitude des ombres en se dévoilant ce matin comme la rondeur d'un ventre plein. Midi au sommet de son art, midi au coeur de la brulure bien réelle d'un soleil réglé sur la température la plus haute. Déambulation nonchalante du matin qui accompagne mes pas dans le silence de la maison desertée. Au réveil, j'ai toujours la sensation étrange d'être seule au monde. Quel bonheur soudain de n'avoir aucun mot insignifiant à prononcer. Sauvagerie. Au réveil, j'ai souvent l'étrange sensation de ne jamais me réveiller, de ne jamais quitter un rêve si profond qu'il s'apparenterait à une visite en fond sous marin. Silence. J'entends une respiration. C'est encore la mienne...Je la laisse vivre, ne tente pas de contraindre l'oxygène qui entre et sort. J'allume la première cigarette. Fais couler le café dans la tasse, ouvre un oeil désabusé sur mon corps viellissant, sur ces pensées stagnantes de la nuit écoulée. Songes et pensées. Idées et sensations. Plaisir et bien-être quand je croise dans le ciel la colonie d'oiseaux venue se restaurer sur le cerisier du jardin. Milles et un volatiles pépient, voletent, jouent légers à suspendre les clauses des lois de la pesanteur.

    Les fleurs blanches éclatent dans la toile électrique du bleu printemps, du bleu violent, du bleu uniforme. Mes yeux brûlent de trop de lumière.

    Je retrouve l'ombre et la fraicheur de la maison, la tranquillité des pages vierges, ces terres d'asiles. Le vent joue avec le sommet des branches lourdes de feuilles, de fleurs, d'oiseaux. Le ciel s'éloigne, la terre aussi. Je rejoins d'autres territoires.

    L'equisse d'un mouvement vers l'ailleurs, celui qui ne nous quitte jamais, quelle que soit la couleur des murs qui nous cernent, des habitudes qui nous consument lentement, des ennuis qui nous assaillent, des imbéciles qui nous distraient, des passions qui nous ravagent et nous laissent pantois, vidés, aspirés, dénudés, l'ailleurs est celui qui nous porte constamment au-delà de nous mêmes, de nos petites peurs, angoisses, histoires, épisodes : de nos petites vies. 

    Au-delà, toujours au-delà, de ce qui est à l'origine possible d'être, de faire, de rêver.

    Dans ces longs trajets poétiques que chacun peut découvrir, offrir, transmettre, traduire il existe la possibilité de trouver cet îlot où le temps à cessé d'être le décompte implacable vers la fin.

    Les aiguilles de l'horloge, arrêtées sur l'eternité, comme un battement suspendu, indiquent la direction de ce passage secret. 


    Le souffle suspendu en attente de ciel bleu. Brossant la toile uniforme, quelques mots s'improvisent danseurs de samba, de tango, flamenco, Suspendus à leurs cous, des oiseaux enguirlandés de fleurs blanches, mouillés d'abeilles bruissantes, passent d'un cavalier à un autre. Pas d'avant sur arrière. Brode le paysage aux heures bien sages, bleues, des matins d'étés. Un souffle et pas de mot. Un silence s'offre au bras d'une demoiselle légère, papillon valsant sur le cil énamouré d'un Hidalgo de passage. Pas si sage ou trop. Lancine la valse, aimante le tango, amourache la samba alanguie. Passons la minute d'ébahissement, au fond la lame tranchante, nous laisse tous pantois... Pas si secret le passage!

  • L'ombre des mots.

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    Je suis entrée dans l’écriture ainsi qu’une jeune mariée, le cœur battant à tout rompre, les tempes serrées dans un carcan de souvenirs.
    Et ma robe était blanche, et mes yeux brillaient, et mon sang tournait violemment dans mon ventre…Le battement se répercutait sur les murs de pierres froides, celui des cloches d’acier frappées par la corde rêche, s’y mêlant. Au sol les lys fleurissaient dans les interstices des dalles de marbre. Mon visage était blanc, les marches froides, les colombes s’envolaient battant leurs ailes immaculées dans l’air haut du dessus de nos petites maisons…Blanches aussi les maisons.

    Car sais-tu ceci….

    Blanc contre blanc, le regard prend sa forme claire, entre en soi, observe sagement nos forteresses intérieures sombrer, inondées de lumière. J'ai saisit la plume d'une colombe, qui s’est enfuie éprise de vent, ivre de lumière. Je l’ai arrachée vois-tu car personne ne pense jamais à offrir une de ces plumes. Et j’ai tracé, imperturbable, sur l’épaisseur des murs et contre les dalles, le premier signe d’un alphabet, puis le second.

    C’était étrange vois-tu de se savoir derrière des murs alors que le ciel couvrait l’espace au dessus des yeux, que je levais, que je levais. Puis que je baissais soudainement car sur le sol je découvrais des fragments rouges, ocres, des bâtons, des pierres, des mousses, des feuilles….Je pouvais les toucher, les assembler, les regarder encore, découvrir le mot « forme » sous leur poids laissé dans la terre après que je les ai saisit. La colombe s’enfuyait, à tire d’aile. Echappée de mon regard elle ne laissait derrière elle qu’une longue attente de ciel bleu. Je me suis dit pour la première fois le mot "empreinte" puis j'ai pensé  "trace". Je n’ai jamais oublié à quoi correspondaient ces mots, puisque je découvrais qu’écrire était cette archéologie de l’empreinte, puis l’assemblage des formes où menait l’envie de lier entre eux, les mots. L’orage…Il se mit soudain à résonner. Je pris peur. Je m’enfuis. En revenant, je constatais que la pluie avait tout effacé. Le sol était neuf…à nouveau. J'ai commencé à chercher... J'étais pâle d’avoir perdu mes souvenirs. Pâle d’avoir vécu sans l’empreinte laissée par l’ombre de mes pas. J'ai exploré les interstices lumineux que les vitraux coloraient, bu la poussière des lieux, noté la couleur des moisissures dans les coins humides, dessiné en aveugle le contour des meubles, frissonné au contact des statues de marbre. J'avais l'impression de soulever la peau des ombres... Je suis entrée dans l'antre des mots, cette caverne en marchant sur des allées dallées de dévotion. Les mains liées par la prière, les yeux levés vers l'au-delà. Parce qu'il existait un au-delà, comme il existait un revers vivant à chaque année de poussière oubliée là, je le sentais.

    En écrivant je retrouvais ce chemin. Il m'avait conduit jusqu'ici. Marchant doucement pour ne pas faire fuir la poussière sous mes pas, j'exhumais ces manteaux d'ombre et de poussière. J'avais la bouche emplie de ces années viellies, les yeux mangées d'ombres dansantes. Je ne savais pas voir. Je ne savais pas dire. J'étais née sans parole. J'étais née hors de l'histoire, quelquepart entre ici et ailleurs. Je n'avais pas de nom. Autour de moi rien ne se semblait se détacher de l'obscurité.

    Jour.

    Nuit.

    Quelquepart entre ici et ailleurs.

    Jamais vraiment là.

    Jamais totalement absente.

    Jour. L'oiseau s'envole une fois de mon regard. Nuit.

    Dans un repli de terre, j'ai trouvé en rêvant un récit à exhumer, des territoires à explorer, indéfiniment...une nuée d'étoiles à contempler, un millions d'yeux ouverts à l'horizon, une explosion de sourires dans les interstices, des traces de lumière derrière la toile, un silence d'avant monde.














    Dans l'ombre des mots, il y a tous ces mots qui m'ont donné la vie.
    L'enfance aux milles chansons de Marie Myriam avec Comme un enfant, Barbara, mais aussi Memory avec la voix de Barbara Streisand, Le nom du petit bal perdu chanté par Bourvil, tout comme la voix de Fabienne Thibault toutes ces voix ont traversées la nuit jusqu'à moi. Mais j'allais oublier la bonne humeur de Marie-paule Belle et la force des textes de Véronique Samson.  
    J'essaie aujourd'hui avec le peu de talent que je possède de traverser la nuit des autres.






     

     

     

  • Pensées

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    On ne vous parle pas de ces vies, vécues pour rien, de ces trajectoires croisant le vide, de ces visages tristes aux larmes si proches, aux cernes si profondes, de ces regards que l'on nomme facilement "chien battus"....

    Mais pourtant le souvenir de ces vies hantent les nôtres, leurs ombres sont présentes sur tous nos murs, dans les papiers que nous foulons du pied en marchant dans les rues désertes...parce qu'ils sont aujourd'hui morts, disparus, envolés. Ils n'ont rien laissés d'autre qu'un souvenir, la trace dans nos yeux ébahis de leurs corps en souffrances, de leurs existences en marge, victimes de tous les vices que les dominants trimballent....Passage de nerfs, passage à tabac, fracas de vie qui font rires les porcs...Le désespoir que certains trimballent comme des fardeaux, des témoins de la déliquescence de notre monde : son absence d'humanité, de simple "humanité", son temps transformé en valeur monétaire, en argent dur, en lieu et place de ces sentiments qui nous rapprochent tous quand nous sommes encore capables de les ressentir, de les échanger, de les mettre en étendard sur la plus haute de nos marches de valeurs.

    Je croise souvent ces corps en souffrance, ces âmes en perdition, indéfiniment seules, errantes sans la simple main tendue qui fait de nous tous autrechose que des meutes de chiens assoiffés de pouvoir, de jouissance, de possession, suppliant du regard que ne cesse leur calvaire et...

    La honte que je ressens est parfois si grande que mes yeux se baissent pour ne pas avoir à faire face à ce pur dégout que fait naître en moi la vision de ces chiens qui nous servent de congèneres.

    Les hommes et les femmes sont répugnants quand ils rient de leurs vices, en jouissent, se les passent comme on se passe des poux. Il faut bien regarder pour voir ces filaments de merde humaine en action....

    Je me demande bien pourquoi je n'ai jamais vu autrechose que des humains dans ce monde de robots, d'inconscients et d'imbéciles, heureux. Je suis décidément d'une naïveté épouvantable! Certainement l'indécrottable "espoir" dont on nous gave dés la naissance et qui n'a d'autre raison d'être que l'inévitable besoin d'être rassuré face à ce cloaque que l'on nomme monde.

    Je vais me remettre à regarder les roses et les bleus violets dans le ciel cela sera certainement beaucoup plus intéréssant.