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  • Science sans conscience!

    Reprise d'articles provenant de deux sites différents:


    1

    Nos amis les vétérinaires

    Mabesoone_LM_28-01-11.jpg"Aujourd’hui, je suis allé acheter comme presque tous les week-ends, des graviers de litière pour notre chat. Dans le magasin D2, sorte de Confo’ à la japonaise, j’ai eu l’idée de poser mon compteur Geiger sur la montagne de sachets de litière. Et voilà que mon compteur dépasse les 0,30 uSv/h (microsieverts/heure).
    Le bruit de fond habituel à Nagano-ville étant maintenant de 0,13 uSv/h dont 0,03 uSv/h de radioactivité naturelle - presque tout le reste venant de Fukushima ! 

    Je sais qu’une partie de cet écart peut provenir des produits utilisés dans la litière et donc des radiations naturelles du potassium ou des phosphates, mais une telle différence, détectable avec un simple compteur Geiger, ce n’est pas rassurant.

    D’autant plus que toutes les autres litières ne faisaient presque pas monter le compteur.
    J’ai donc changé de marque de litière…
    Méfiez-vous des articles bon marché au Japon !

    À propos, j’avais déjà fait une relevé similaire de 0,42 uSv/h sur de l’engrais, mesure relatée dans une chronique précédente [1].

    Quoiqu’il en soit, amoureux du jardinage ou amoureux des chats, méfiez-vous, faites-vos courses avec un compteur ! Nous savons bien que les boues radioactives issues de l’épuration des eaux de l’Est de Japon sont utilisées dans de nombreux produits et que des minéraux contaminés ou des déchets ont été largement utilisés dans la fabrication de matériaux de construction (ciments, etc.).
    Je me dis que, quand même, je respirais un peu des poussières de cette drôle de litière tous les soirs, pour changer les graviers de notre « petit Louis » le chat ! En plus, ce n’était certainement pas bon pour lui, non plus… Ce chat, nous l’avons sauvé in extremis il y a deux ans. Âgé d’un mois seulement, il s’était réfugié au pied de notre appartement, après avoir été abandonné par sa mère, une chatte de gouttière… mais aussi mère indigne.  Depuis, il s’entend de mieux en mieux avec notre vieille chienne teckel « Caramel ». D’ailleurs, nous avons aussi deux perroquets Inséparables…

    Avec toute cette adorable ménagerie, la situation deviendrait encore plus complexe, si nous devions prendre la fuite à cause d’une nouvelle convulsion de la centrale de Fukushima Daiichi. 
    Bref, ceci me rappelle une chose plus importante : il est reconnu que les petits animaux sont plus sensibles que les hommes aux effets d’une exposition chronique aux faibles radiations, leur métabolisme étant encore plus réduit que celui des enfants.

    Or, tant que le Pr Shun’ichi YAMASHITA - notoire 
    négationniste des effets des radiations - contrôlera le CHU de Fukushima, très peu d’informations filtreront au sujet des premières naissances anormales ou des premières maladies observées.
    Dans un tel contexte, des études indépendantes peuvent être menées par des vétérinaires de Fukushima. C’est ce que m’indiquait M. Michel Fernex, professeur émérite de l’Université de Bâle, dans un commentaire à une de mes précédentes chroniques (cf. ici le troisième commentaire) :

    « Les médecins vétérinaires amis pourraient faire des statistiques concernant les malformations chez les veaux, les cabris voire les chiots à la naissance, et travailler en silence. Avec des collections de photographies systématiques, par exemple dans des fermes modèles. Il faut trouver des amis très discrets, muets. La mortalité périnatale préoccupe les éleveurs qui peuvent l’inscrire chaque jour dans un carnet. »

    Les premiers veaux, cabris, chiens et chats conçus après la catastrophe vont justement naitre dans quelques mois, au printemps 2012. Dans la version japonaise de cet article, j’ai lancé un appel à tous les vétérinaires de l’Est du Japon, afin de trouver un groupe de praticiens disposés à réaliser une enquête sérieuse. Si les premières maladies apparaissent chez les animaux, alors, il me semble que ce serait une chance de pouvoir mettre en garde le public - mais aussi les autorités - un peu plus vite, de façon concrète. La presse relaierait certainement ce type de recherche, s’il y a des résultats probants. Et ceci aurait une grande influence sur la volonté des gens d’évacuer et de se protéger de la contamination alimentaire…

    Je joins au passage la carte de tous les vétérinaires [2] pratiquant autour de la centrale nucléaire de Fukushima…

    NOTES :

    [1Contient du Mox 100% Areva !

    [2http://www.fva.or.jp/hospital/?division=member&mode=map&f_branch=6#map_frame

             

                     "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme!"

                                             François Rabelais. 


     

    Science sans conscience n’est que ruine de l’âme

    La formule est de notre ami Rabelais : prescrivant, pour la bonne éducation de Gargantua, une solide pratique sportive et de grandes études en toutes matières pour en faire “un esprit sain dans un corps sain”, il ajoute la religion comme une cerise sur le gâteau, “parce que science sans conscience n’est que ruine de l’âme.” Eh oui, l’âme est dans le coup ! C’est qu’elle pourrait se retrouver ruinée par l’esprit des sciences, la pauvrette !

                      
    La conscience nous fait réfléchir sur nous-mêmes et nos actions. Ré-fléchir : fléchir sur soi, se replier sur son nombril, contempler sa propre subjectivité. Ce qui est indispensable.

    La science, elle, se veut toute objective : elle cherche -et trouve- des explications universellement valables rendant le monde compréhensible. Ce qui est tout aussi indispensable, mais n’a rien à voir. D’un coté, ce qui fait l’unité d’une personne, son intégrité et son existence mêmes ; de l’autre, une connaissance et une maîtrise de l’ordre des choses, objectives.

    Il faudrait unir ces deux partis qui règnent sur des territoires bien séparés. Il en va de notre existence concrète, morale, et politique : notre civilisation a fondé d’immenses espoirs sur le progrès scientifique, qui en a profité pour bondir. Nous voilà capables de multiplier par dix millions notre taux de radioactivité, et de bidouiller des gènes de façon à modeler l’essence des générations futures. Mais nous ne savons pas au nom de quoi. De Dieu ? Il est mort : depuis longtemps nous n’agissons plus au nom de sa volonté. Donc nous n’agissons plus qu’au nom de la science que nous avons divinisée, pour prétendre agir en tant que maître et possesseurs de la nature. Or l’exemple de l’industrie nucléaire montre que si l’homme est puissant grâce à la science, l’Homme est aussi fragile à cause d’elle : il est incapable de maîtriser sa propre maîtrise. Quelle conscience saura diriger ce formidable pouvoir ?

    La science devait apporter paix et confort. Elle ne l’a pu : ses progressions ne nous ont pas fait faire de progrès moral, et même nous avons régressé pour devenir plus barbares. Est-ce que Rabelais nous prévenait de ce danger ?

    La science est peut-être incapable d’avoir une dimension humaine. La science ne fait pas de politique, de métaphysique, ni de morale : les comités d’éthique, chartes et autres déclarations de bonne foi ne suffisent pas à combler le vide effrayant qui sépare le scientifique scrutant le réel pour encore et toujours le maîtriser davantage), et l’homme conscient qui dans sa vie concrète pense sa vie et vit sa pensée.

    Il faudrait faire une science de l’existence, dans ce monde désenchanté qui en a fini avec les dieux capricieux, les Saints auxquels se vouer, qui permettaient de mettre tant de magie et de sens (même contradictoires et incohérents), dans des vies concrètes !

    La science ne suffit pas, elle ne dupe personne quand elle se présente comme l’autorité intellectuelle et morale déterminante. Alors qu’elle est incompétente en matière de morale ! ?

    C’est à cause du scientisme : on a osé dire que dans la République la science avait pris la place de la religion. Il a donc fallu la fétichiser pour mieux l’adorer. Par exemple en adorant non plus dieu, m’ais l’être suprême, ou n’importe quoi, à n’importe quel prix -on a adoré l’atome au Japon, on l’adore encore en France. Auguste Comte déclarait la fin des temps religieux : à l’aube de l’humanité, on se raccrochait à tout argument pouvant expliciter le monde ; mais à présent que la science a assez de maturité pour pouvoir donner des explications cohérentes, la religion paraît obsolète : pourquoi la conscience irait-elle encore se réfugier dans la foi ?

                       
    Parce que la science ne suffit pas. Les sociologues prétendant faire de l’homme une chose scientifiquement observable, comme tout élément de l’ordre des choses, reconnaissent que même une société moderne a besoin de croyances communes. Ces croyances ne sont pas de l’ordre d’un savoir objectif, elles ne peuvent pas non plus être fournies par une religion traditionnelle, décrédibilisée par les exigences de l’esprit scientifique. Résultat : la ruine de l’âme. La science ne sait pas parler de l’existence, et les religions sont dépassées : il ne reste plus de place pour la conscience. Voilà que fleurissent les pseudosciences, comblant le vide. L’astrologie, la numérologie, la parapsychologie, la graphologie, les médecines parallèles, sont en expansion croissante. Il se développe, de façon de plus en plus raffinée, un discours qui se réfère à la physique, notamment à la physique quantique, plus obscure au sens commun. Par ce biais les hommes s’acharnent à croire que “la nature délire avec eux” 2, suivant des désirs et passions formidables plutôt que de minables causes et effets froidement explicités. C’est ainsi qu’on ne prévoit pas ce qu’on ferait si une centrale atomique explose (ou plutôt : on ne sait pas ce qu’on fera quand une centrale explosera) car nous avons décidé de CROIRE que cet évènement n’arrivera pas, protégés que nous sommes par notre FOI en nos bons ingénieurs. Louée soit AREVA.

    La raison trop froide gèle les cœurs. Ce constat peut faire la fortune de ceux qui affirment pouvoir donner du sens là où il n’y en a pas... et assurer la relève des gourous. On fait joyeusement un pied de nez à la rationalité dominante, considérée comme limitatrice -et elle l’est ! Le charme, le mystère, ne sont pas intéressants dans une société déshumanisée, une technocratie qui vise la transparence, triant, rangeant, classant chaque chose à sa place déterminée. La vie administrée des Occidentaux laisse apparaître une multitude de rites que Weber avait appelé modes magiques de pensée : on cherche l’âme, éperdument. Le but de la cristalothérapie, par exemple, n’est pas de guérir en accrochant un morceau de cristal à sa fenêtre, mais de permettre (symboliquement évidemment) au corps d’échapper à son enveloppe occidentale.

               
    La science n’a pas d’âme !

    La science nous ruine. Avec elle notre conscience est seulement la conscience d’un individu rationnel calculant ses avantages. Pas exaltant. Il faut reconcevoir l’individu. Pas facile. L’homme, depuis qu’il est conscience, cherche à maîtriser non seulement le monde, mais lui-même ! C’est pourquoi la science vaut, et règne. Faire de l’Homme une œuvre, voilà un projet à la fois technique et éthique. La question technique posée est comment bien vivre sa vie, comme on opère bien une appendicite, ou comme on joue bien de la flute ! Un individu est bien sûr un paquet d’organes déterminés. Mais aussi une âme (une capacité à penser sa vie, un esprit, un souffle, appelez cette conscience comme vous voulez). Cette âme a des désirs auxquels aucune connaissance objective ne peut répondre. Chacun rencontre dans sa vie concrète des phénomènes inexpliqués par la science : l’amour, la poésie, la foi, le rêve.... Que faire de ces savoirs subjectifs, affectifs, que la science ne reconnaît pas (parce que seul compte à ses yeux ce qui se mesure, se chiffre, se définit véritablement) ? Peut-on choisir (doit-on choisir) entre d’un côté l’absolue certitude scientifique qui plie toute chose sous des lois nécessaires, et d’un autre coté une conscience singulière pour laquelle tout est subjectif ? Choisir la première solution interdirait de dire désormais “moi je”, mais nous oblgerait à dire “il” (par exemple ne plus dire j”e” pense, mais “il” pense, il y a des pensées en moi, ce “il” impersonnel de “il pleut”). La vérité scientifique est indépendante de moi. À mesure que je m’intéresse à la science, à l’absolu, je me désintéresse de moi (ou plutôt je m’y intéresse d’une tout autre façon : je m’intéresse à moi comme à une chose). Ne demandons pas à la science d’avoir une conscience. Le scientifique, en tant que scientifique, ne se pose pas de question personnelle, ni éthique, ni politique. La décision même de poursuivre ou de lancer des recherches n’appartient pas au scientifique : il n’a pas à avoir une parole singulière ; la recherche est l’engagement d’une société globale qui ne laisse pas place à la conscience individuelle. Le scientifique n’a ni le droit ni les moyens, ni le moindre intérêt à se soucier des conséquences de la vérité qu’il s’emploie à révéler.

    La seule vérité qui nous sauve c’est la conscience d’exister. Savoir pour savoir est inutile quand on ne sait qui décidera de nos fins. Seule la conscience le peut, et elle seule rend la science utile, en la considérant comme un outil dont elle peut se servir, et surtout pas comme une maîtresse. 

    François Housset
    www.philovive.fr

                   



    Commentaire:

    "Les sciences appliquées ou la technologie ont progressé parce que l'économie a décidé qu'il était "temps" de récupérer son investissement. 

    D'où le ralentissement voire la suppression des crédits de la société alloués à la recherche "pure" au profit du développement des technologies issues de cette recherche fondamentale justement laissée cette fois au secteur privé...en tout cas pour ce qui concerne la recherche en France de ces dernières années.

    Encore une fois la société par le biais des impôts paie des chercheurs pour qu'ils développent des sciences dont les applications technologiques seront à nouveau payées par le citoyen : formidable!

    Maintenant avec Fukushima et la détresse dans laquelle sont laissés les habitants de ces zones, on voit jusqu'où va la ruine d'une science sans conscience, jusqu'à la disparition, l'effacement du rapport à l'autre, l'être qui souffre et que l'on peut ou condamner ou sauver. 
    Mais sauver en vertu de quoi si ce n'est d'une version améliorée de la charité chrétienne envers son prochain, l'humanisme. 
    La conscience de l'autre extirpée de son propre égoïsme, de son nombril pour faire des "autres", ou de l'autre en version générique, le double humain projeté de soi-même, l'alter ego que nous ne nions pas comme nous ne nous nions pas nous mêmes. 

    L'alter ego c'est un beau mot vous ne trouvez pas?

    Abandonner l'autre c'est à mon sens, un peu comme s'abandonner, c'est laisser sa part d'humanité de côté pour une autre plus froide, plus organisée, plus centrée sur elle-même, efficiente et individualiste...

    Certes utile et obligatoire sauf quand l'incompétence et la négligence de ceux qui sont censés être des responsables de l'ensemble d'une société est criante!
    Alors à nouveau le "citoyen-humain" est sommé de reprendre sa responsabilité individuelle à l'intérieur de la société est de se déclarer en faveur de l'humain, d'abord et avant toute autre considération. 

    Le nucléaire nous a permis d'avancer aujourd'hui, il faut reconnaître qu'il peut aussi engloutir une partie de la communauté, donc tuer des civiles, donc être une menace!

    Continuons donc tous à réagir! 

  • Instantané.

                  rtg.png

    Des rouges et des noirs pâles dans la lumière du jour qui finit,

    comme s'il ne s'était jamais levé.

    Horreur boréale.

    Expressivité ternie par le temps passé

    à essuyer des gouttes de sueur,

    des larmes salées;

    au secours

    d'une mémoire

    immobilisée

    par le souvenir

    glacé

    d'un cauchemar sans fin : des visages dans la nuit.

     

     

  • Fish are jumpin'...

    tof3.png

    And the cotton is high....

  • Des fleurs et des arbres.

     

    lumières2.png

                                        http://evacuatefukushimanow.wordpress.com/

    1986

    Catastrophe de Tchernobyll, des milliers de morts enregistrés, sacrifiés sur l'autel de la consommation excessive et du progrès non maîtrisé. Course éffrénée qui suit le nombre d'habitants sur terre. Comment les nourir? Comment les chauffer? Comment faire tourner cette machine infernale? Puis comment retirer profit de toute cette énergie engagée. Le pays, puis le continent, enfin le monde? Responsabilité des prix à la consommation, réduire, réduire. Permettre à tous de survivre, de vivre, enfin de ne pas mourir affamé sous un pont.

    13 ans. J'apprends ce qu'est le nucléaire. Les particules et leur fonctionnement, l'atome, la fission, la fusion, les vapeurs d'eau qui entrainent les turbines qui produisent de l'electricité. Une image de l'atomium de Bruxelles me fait rêver. Je la garde en mémoire.
    J'adore la physique nucléaire. 

    Le peu que je découvre me passionne. L'atome est beau. Rayonnant. Il s'offre dans la lumière de mon étonnement d'enfant. Comme un trésor. Comment peut-on être aussi intelligemment construit? L'infiniment petit. Fascinant. Puis les progrès phénoménaux, rapides des sciences autour de l'atome, des molécules, des chromosomes, des particules. La quête continuelle de ces particules élémentaires qui pourraient expliquer l'origine de notre planète, enfin pourraient peut-être commencer à expliquer la nature du "big bang".

    "Les neutrinos extrêmement difficiles à montrer en raison de leur faible interaction avec la matière".
    Phrase notée, suspendue, accrochée à toutes les constructions imaginaires.
    Les neutrinos, extrêmement difficiles à montrer en raison de leur faible interaction avec la matière : j
    e pense aux vibrations, aux ondes et à nouveau à la phrase, la multiplication des "faibles interactions avec la matière", les vibrations de l'air, démultipliées sur la bonne fréquence, transformées en ondes jusqu'au point de rupture, l'explosion, la désintégration de la matière, enfin pour moi seulement.   

    Se pourrait-il que le mirroir fonctionne avec autant de précision, du très grand au très petit?
    Peut-être pas. Juste pour moi à nouveau, pour comprendre, rêver, imaginer.
    Je pense au roman "La nuit des temps" de René Barjavel (un roman d'anticipation des années 70) et à ces milliers d'idées et d'inventions qui apparaissent au fil du déroulement de l'histoire. Sublimissime.
    J'apprends que les neutrinos changent de "saveur", qu'ils oscillent!
    [Dans le roman, la mange-machine qui produit des goûts et des saveurs inconnues associées à des idées de goûts, modifie ses données en fonction de celui qui l'utilise. Je rêve à nouveau de cette étrange machine qui peut à partir d'une formule mathématique reconstruire la matière ou plus prosaïquement comme il est raconté dans le roman, à partir de rien. Un jour peut-être lorsque nous aurons compris et décodé toutes les dimensions, trouvé toutes les implications des mouvements des particules, que plus aucun secret ne sera contenu dans le mot "particule", enfin peut-être comme ce roman le raconte nous saurons recréer la matière à partir de rien. ]
    Vraiment les sciences sont un immense réservoir de rêves, de mots et de notions toutes plus étonnantes les unes que les autres. 

    De l'infiniment grand à l'infiniment petit? Transmission et multiplication des modèles. Les vibrations dans l'espace, démultipliées. Comme une caresse, qui émeut la matière, l'idée de la vibration, sensible m'aide à me représenter comment l'espace et le temps pourraient interragir. Membrane. Mot illustrant l'étonnement, la surprise, l'émotion.
    Elucubrations littéraires?
    Pourtant James Joyce à trouvé le mot Quark. Avant tous. Dans l'exploration intérieure. La fine exploration de ses modèles de référence, épluchés, retournés, épiés et étudiés, surpris par le jour de la pensée.
    Proust a lui mis en lumière l'idée de réminiscence, en relatant l'histoire de la madeleine. Une histoire qui aurait pu ne sembler que charmante mais qui se révélera finalement révélatrice d'un fonctionnement précis du cerveau humain, de la mémoire. Evoquant dans son sillage l'association de l'image et du mot qui permettent au langage de se créer durant l'enfance mais aussi de s'associer à un univers de sensations. Naissance de la psychologie. 

    Quant à Bachelard en explorant  les liens entre l'esprit de l'homme et la nature, les liens poétiques,  il étonne. Il établit ou rétablit des correspondances et des corrélations qui se  transforment en liens précieux par le pouvoir évocateur du langage, de l'imagination, de la "rêverie créatrice" et qui forment le langage poétique. Jouant avec les idées, les images, les notions, il fait circuler la vie entre le passé et le présent, allant jusqu'à prévenir que le langage poétique est l'annonciateur du futur, son créateur, celui qui définit les marges à l'intérieur desquelles la vie va renaître, le sens souffler à nouveau comme le vent et reprendre son pouvoir ancestrale.
    En lisant ses textes, il me semble que la nature débarrassée de ces stupides engins reprend à nouveau la force qu'elle ne devrait jamais perdre, l'océan son immensité, le ciel sa clarté...

    L'idée née au milieu de l'obscurité. Nait-elle dans l'obscurité quand l'esprit cherche de la lumière, ou dans le silence quand la formulation échappe au discours et au langage? 
    Du 14ème au 21ème Siècle. La lutte séculaire entre l'obscurantisme et le savoir. 

    Le battement d'un cil.
    Silence.

    Si la science pouvait servir autrechose que le pouvoir et l'argent...
    Mais ce rêve étrange mêlé de fil d'argent, fait par des milliers de cerveaux avant nous, des copistes du moyen-âge aux philosophes des lumières, de la pensée thibétaine à celle des indiens d'Amérique, n'est qu'un rêve. Un peu pâlit par l'illusion, les miroirs déformants du contrôle généralisé, du pouvoir absolu de ceux qui ont tout et qui veulent, assis sur leur siège doré conserver l'immense pouvoir d'asservir leurs semblables, de les réduire à rien, à l'état d'objet, de presque plus rien.
    Pour dominer encore une fois et asservir toujours plus, à la mesure des anciens empires féodaux.
    L'industrie plusieurs fois milliardaire, joue avec les cartes truquées de la démesure.
    Manipulant, diversifiant, multipliant les jeux à l'infini, où l'homme se perd, où l'homme perd de vue sa propre existence.

    Arrêt. Stop. Changement de direction.

    Le Boson de Higgs, le soupçonné, découvert, vu, mis à jour, montré : enfin il est là!

    Peut-être. On ne sait pas encore. On continue de le chercher. On cherche à circonscrire sa masse.
    Sous nos yeux, peut-être.  La théorie des cordes enfin prouvée. 
    J'ai rêvé.
    Je rêve.  

    L'accélérateur de particules est enfin terminé. Je lis la nouvelle dans un journal de province. Je n'arrive pas à y croire. C'est fait! Combien de kilomètres de tunnel creusés? 27 kilomètres. Impressionnant.
    2008. Belle année. Comme Beaux-arts.
    Belle année. Comme Année folles.

    Depuis l'atome de mon enfance à cette particule élémentaire au nom si étrange, ça va vite, si vite.  Le temps accélère à la vitesse de la particule et soudain. Tout s'arrête, néant.

    Histoire du passage du nuage radioactif : Tchernobyl. Union soviétique.

    Les gens autour de moi sachant ce qu'il se passe, nous empêche de sortir quelques temps. La télé et la désinformation tombe à l'eau. Plus de champignons, ni de sorties en forêt.
    Les images des gens qui entrent et sortent des batiments. Cette image d'époque, fausse ou vraie impacte ma mémoire de manière définitive.

    Le bâtiment éventré, les chiffres et les évacuations...tout me fait froid dans le dos et m'incite désormais à une véritable répulsion vis à vis de cette énergie et surtout des centrales nucléaires.

    15 ans, je développe mon argumentaire auprès de gens qui visiblement n'en ont rien à secouer, leurs hormones et leur nombril étant trop intéressants. Alerter, parler, faire parler, lancer des débats etc etc... Impossible! Tout le monde s'en tape! Souvent, on me conseille de me taire. Je ne comprends pas trop.

    16 ans même chose.

    17 n'en parlons pas c'est pire.

    Je finis par comprendre que les gens n'aiment pas qu'on les saoule avec des trucs compliqués. Il faut trouver des gens qui pensent comme toi, me disent les moins occupés. Des gens qui pensent comme moi? L'expression m'étonne. Je ne comprends pas que l'on ne puisse pas intégrer l'idée que ce qui se passe autour de nous est très grave et que nous devrions tous être concerné.
    Je découvre l'indifférence.
    A quoi cela ressemble?
    A deux yeux qui vous toisent avec un sourire vague en dessous, le portrait d'un veau qui mime l'étonnement. Des gens qui pensent comme moi? Mais on est si peu nombreux. J'oublie et je passe à autrechose. 


    Milliter contre le nucléaire? Ca aurait été un peu comme milliter contre la course des nuages dans le ciel ou contre le froid en hiver, ce qui a été fait à l'époque mais par des types marrants, peut-être pour rire.
    Ca aurait été perdre du temps. Et puis dans mon coin-coin les millitants anti-nucléaires étaient un peu vieux et ils faisaient un peu peur. Peut-être était-ce des gens en colère? Sûrement.
    De toute façon, c'était un truc sérieux, d'adultes. Ils auraient eu besoin de rallier des gens importants à leur cause pas des insignifiants de mon espèce, les adolescents. 
    Deux ou trois discussions pourtant durant lesquelles on me conseille de m'engager...
    Mais en réfléchissant, je trouve la cause désespérée. A quoi cela aurait-il pu servir de faire des manifestations, ou d'écrire des slogans ou même de faire des dessins contre un truc qui rapporte autant et qui risque de se développer de manière rapide en entrainant avec lui des secteurs de l'industrie et en rapportant beaucoup d'argent, d'emplois et de réussite me dis-je rapidement. Comme ces immeubles immenses qui bouffent l'espace un peu partout autour de nous, construits sans regard sur le paysage, entassant, rassemblant des milliers de gens : banlieue affreuse que je découvre un jour et dont je ne garde qu'un seul souvenir : jamais!
    Je regarde autour de moi et je ne dis plus rien. 

    Pourtant, je n'ai jamais aimé l'énergie nucléaire.
    J'ai toujours fuit tout contact avec quoi que ce soit en rapport avec l'énergie nucléaire.
    Je fais la tête chaque fois que je vois écrit lithium sur une étiquette d' appareil électronique.
    Ch'sais pas, j'ai peur.
    J'aime pas.

    2012.
    32 ans.
    Presqu'un siècle.
    Des années.
    Une vie presque.

    Je découvre la catastrophe nucléaire précédée du séisme sur les côtes japonaises : Fukushima. En mars, j'ai fait comme tant d'autres, j'ai jeté un oeil aux actu puis je suis repartie, happée par la vie. Je ne me souviens pas. Je n'avais pas le temps. Je découvre l'ampleur de la catastrophe. Je n'ai  pas envie de pleurer. 


    Pourtant je sais comme tant d'autres savent et ne peuvent douter de ce qu'il adviendra de ceux qui ont été en contact avec les radiations aussi infîmes et invisibles soient-elles, comme en ex-union soviétique il y a de cela presque trente ans : ils seront dispersés. Les maladies seront tues, diluées dans la masse. Ceux qui sont restés trop longtemps, les gens qui n'ont pas les moyens de fuir par exemple, les habitants de Fukushima (environ 80 000 d'après ce que j'ai pu lire ici ou là) vont mourrir dans l'indifférence, peu à peu, petit à petit. Les responsabillités disparaissent. Plus de responsables, plus de coupables. 

    Peut-être la société qui s'occupaient jadis de cette centrale disparaitra t-elle aussi, qui peinent à trouver des bras et des mains pour consentir au sacrifice. 300 personnes (chiffre donné durant la crise, il y a 6 mois, par les mass-médias pour tenter de rassurer. Mais qui cela rassure t-il? Tchernobyll : des milliers de personnes, 600 000 apparemment, réquisitionnées pour tenter de ralentir la progression du corium, des mois de combats, des tonnes de sable injecté, des milliards dépensés pour sauver une partie de l'humanité...) pour tenter de sécuriser au moins deux coeurs en fusion, deux ou trois coriums on ne sait pas exactement, dégagant des millions de becquerels/seconde

    Tout le monde s'inquiète, on échafaude des hypothèses avec ce que l'on sait, ce que l'on croit savoir. Les coeurs fondus, traversant le béton puis la terre pour enfin peut-être rencontrer une nappe phréatique, peut-être une explosion nucléaire. On ne sait pas. On ne sait plus rien. Une sorte d'abandon, de léthargie. On attend. On ne sait plus. 
    Guerre lasse. On passe à autrechose. Plus d'infos, plus de nouvelles. De temps en temps, de çi et de là quelques commentaires sur la vie quotidienne. Des gens qui tentent d'éviter les contaminations, qui luttent seuls dans l'indifférence générale, sachant, devinant, supposant qu'on leur ment tous les jours parce qu'on a pas de solutions.  A qui l'on tente, d'ici de faire comprendre qu'il ne faut pas rester, qu'il faut partir, qu'il fallait partir immédiatement, sans attendre, sans penser une seconde aux conséquences et au ceci ou au cela, sans réfléchir donc. Aussi loin qu'il est possible d'aller, de ce drame silencieux, inodore, et invisible que devient une catastrophe nucléaire après l'accident nucléaire, polluant, et empoisonnant tout alentour; rendant la vie difficile, voire quasiment impossible à la population qui commence à vivre dans la peur à mesure que les contaminations des sols, aliments se révèlent de plus en plus hautes.

    Que le nucléaire, ce n'est pas une blague, que la contamination radioactive non plus!

    Je sais enfin, comme on sait que chaque matin le ciel palira avec l'arrivée du jour, que cela ne cessera jamais, que jamais on ne cesse de vivre en combattant ceux qui guidés par leur égoïsme laissent les autres réduits au niveau du faire-valoir, vivre dans l'ignorance, ceux qui encore laissent mourir d'autres censés être leur frères, dans le silence et l'abandon. Comme s'ils n'étaient pas le miroir dans lequel nous sommes tous censés nous voir : êtres humains! 

    Alors quoi encore de la religion et de ces bonnes pensées, quoi encore du civisme et de nos manières policées, si nous nous ne sommes pas capables au moment où souffrances et morts menacent, d'intervenir et d'agir pour sauver ce que nous pouvons sauver. Rien à nouveau. Les bas fonds comme référence, la bêtise comme point d'appui, la cupidité et l'avarice comme compagnons. Les poux et la vermine comme pauvres pensées, acheter, acheter, consommer, consommer, bouffer, bouffer, baffrer, cupides infâmes humains, capables d'échanger son peu de valeur morale contre un peu de monnaie, des ors et des honneurs!

    Alors à nouveau, je regarde une fleur.
    Je note sa couleur, la forme de ses pétales, les reflets et les dégradés, le satiné et le rêche, les variations sous la pluie, le soleil, les nervures en transparence et je savoure le plaisir de ne jamais être séparé de la nature.

    On croit souvent que ce ne sont que des jolis mots, des jolies phrases un peu futiles mais pour certain(es) dont je suis, la nature est ce que nous sommes.

    Elle est la réalité que nous détruisons. 
    De l'air.
    De l'eau.
    De la terre.


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