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Sédiments_Avant-Garde_© - Page 245

  • Λ

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    Roche nue, eau, ombre, lumière.
    Bleu, blanc, gris.
    Symbole.
    Sparte.
    Combat de la lumière.    

     

     

    Je combats                    
    Tu combats                    
    Elle combat                      
    Nous  combattons              
    Vous  combattez                
    Elles  combattent


                       

     

    Je combats                    
    Tu combats                    
    Elle combat                      
    Nous  combattons              
    Vous  combattez                
    Elles  combattent


    Victoire.
    Pas d'explication.
    Pas de justification.
    Mystère.
    Silence.
    Point finale.
    Symphonie

  • Vasque.

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    Recueillir l'eau du ciel, à l'ombre du couchant pour un dernier éclat rasant le sol. Rayons obliques couchés sur papier argent traversent l'air aux cils battant froid le gris d'un granit. Au coeur d'une forêt ancestrale, la hanche creuse reçoit renversée le reflet des cieux. Longtemps à part soi, retrouver ces oboles où l'eau se trouble d'un regard. Tremper ses yeux dans le bénitier trouble de ses années perdues, comme une seconde affleure, un simple battement d'ailes.

    En coupe évidée par l'érosion, le rocher a presque disparu. Reste une offrande auprès de laquelle le passant ému par la découverte reste ébahi par tant de douceur. Mère nature a des générosités que l'on croise aux hasards de nos trajets lancinant de solitude, où l'amertume naît parfois, où le couteau irisé du temps passé a des éclats meurtriers.

    Il arrive qu'au coeur de la forêt des filets d'eau se glissent entre les feuilles, finissent leur course dans la tête du promeneur et les yeux qui mouillent se trouvent pris dans les filets d'un calice de granit. Le gris trouble de l'eau retenue ainsi prisonnière, offerte au regard lutte avec les larmes de la belle qui s'y mire.

    Photographie par souvenirs rappelée. Tant de fois a perdu son regard dans le reflet étale des eaux prisonnières. Tant de fois a vu son reflet prisonnier du miroir. Tant de fois puis un jour a cessé de regarder, s'est abimé dans le trajet des nuages au-dessus d'un amas de feuilles croupissantes.

    A l'automne d'une vie, les souvenirs ont la couleur des feuilles tombées au sol, mourantes sous les rayons obliques, traversées d'éclats mordorés, épais tapis qui recouvre la vérité sur laquelle la mémoire ira promener son air feutré de nostalgique.

  • Ciel

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    Parfois il y a comme des franges au-dessus de nous, des bords, des sortes de rives auxquelles le rêve s'accroche. On les retrouve parfois sur les chemins abandonnés. L'hiver emporte avec lui les derniers rayons de soleil. Je sens votre regard sur chaque branche. Vous êtes passés ici, un jour. Je ne sais quand. Peut-être demain...

    Je sais que lorsque vous verrez ce morceau de ciel, vous penserez à ce moment passé à lire ici, deux ou trois mots . Même si le vent souffle je sais que vous ne craindrez plus le froid. Une seule pensée nous tient en éveil, parfois si longtemps. Des années.

    "Le ciel s'est cent fois déchiré au dessus de nous mais c'est en nous qu'il a laissé le plus de traces". Je ne gommerais jamais aucune de ces déchirures. Je les retrouve chaque matin et soir au lever et coucher. Précieuses, inaltérées, intouchables : mes immortelles!

    Les années nous laissent de glace, peu importe le temps; les yeux plantés dans le décor éternel d'un ciel d'hiver, celui d'ici, celui d'ailleurs, l'autrefois, ou bien le futur, nous portons en nous ces mêmes cieux, précieux, à peine balayés d'une trace nuageuse, à peine modifiés par le trajet du vent.

    Tu te souviens?

    Oui. Je me souviens. Il y avait ce même bleu pâle à peine dilué, légèrement transfiguré par l'éclairage blanc, cotonneux de ce matin d'hiver. Un matin comme tant d'autres dirait-on...Disons seulement que celui-ci était habité, comme ton sourire que j'ai croisé dans le reflet de ce miroir.

    C'est vrai. On s'est d'abord croisé dans le miroir.

    Sourire.

    Je ne connaissais pas Leonard Cohen. Je me souviens que tu me l'as fait découvrir comme Joan Baez d'ailleurs. J'avais les larmes aux yeux en écoutant les paroles de ces chansons. Mais tu ne parlais pas. Tu étais silencieux, comme maintenant, d'ailleurs.

    Je n'ai pas le souvenir d'avoir découvert le son de ta voix. Il m'a semblé l'avoir toujours connue. Je ne sais pas comment te dire ce sentiment de familliarité que ta présence m'évoque. Combien de fois me suis-je demandée si je t'avais rencontré quelquepart, avant, sans te rencontrer vraiment. Mais je n'ai pas trouvé. Ma mémoire est restée vide. Comme mon regard a dû te paraître étrange! Je ne pouvais pas trop parler, tu sais, ma gorge était serrée. Comme maintenant d'ailleurs. Je ne peux toujours pas parler. J'ai tellement l'impression que le silence nous attend.

    Etrange encore une fois de se savoir plus prôche dans l'absence, plus intime qu'entre les murs d'un quelconque discours, d'un quelconque dialogue.

    "J'ai aimé les miroirs et les reflets plus que tout ce qui a jamais pu exister" Quel monde merveilleux que celui des ombres et des reflets!

    Leur danse est si différente chaque jour. Il y a toujours une porte à ouvrir, un dessin à découvrir, une perspective à explorer.

     

     

     

  • Temps.

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    Mon ami le temps a toujours une longueur d'avance sur moi. Il court à travers bois et champs, se faufile entre les brins d'herbes, fait chanter les chevelures dénouées. Arbres, forêts, vallons, chemins, tous courbent l'échine, arrondissent le dos, présentent la nuque à cet ami qui vient au soir tombé délivrer leurs pensées du jour passé. Milles bêtises flottent encore dans l'air, des poussières éclairées par la lune. Grains de pollen oubliés, soupirs d'herbes bien aise.

    Mon ami le temps m'a attrapée cent fois au détour d'un chemin quand je courais enfant en retard. Cent fois a promis la lune devant mes yeux ébahis. C'est qu'il file et qu'il est difficile pour un enfant de le suivre. Comme la lune penche quand on tente de l'atteindre le temps s'écoule à chaque désir de lui.

    Mon ami le temps.

    Un de ces jours finissant près d'un rosier aux épines tombées, je finirais bien par comprendre qu'il n'est autre que mon ombre après laquelle je cours depuis tant d'années.

    Si j'écris avec la pointe d'un souvenir quelques notes auxquelles je donne la forme d'un poème... cela donne quelque chose comme

    Mon ami le temps peint vingt roses
    Sous la lumière rousse d'une brassée de secondes.

    Au coeur d'un bouquet de minutes repliées
    L'ombre d'un regard traverse
    Nos pas perdus.

    Vingt roses s'avancent.
    Si lancinant le silence étale a volonté
    Sa robe de velours pourpre.

    Mon ami le temps
    A mille ans
    de partage
    mais on ne sait plus
    qui de nous ou lui
    est le plus âgé.

    Quand nos yeux fermés s'envolent pour l'éternité.
    Il frôle nos paupières
    D'un revers discret.

    Mille ans le temps,
    Mon ami a toujours vingt ans.

    Comme vingt roses suspendues
    aux années, mille ans...

    ( mille ans au secret des années passées...)