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Sédiments_Avant-Garde_© - Page 25

  • Eloges.

                                            
                        
                           
                                                                         
                                                                     Titre : Portrait d'une illusion



    Eloges. Saint John Perse, 1911.

    III

     

    … Puis ces mouches, cette sorte de mouches, et le dernier étage du jardin… On appelle. J’irai… Je parle dans l’estime. 

    — Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ? 

    Plaines ! Pentes ! Il y avait plus d’ordre ! Et tout n’était que règnes et confins de lueurs. Et l’ombre et la lumière alors étaient plus près d’être une même chose… Je parle d’une estime… Aux lisières le fruit pouvait choir sans que la joie pourrît au rebord de nos lèvres. 
    Et les hommes remuaient plus d’ombre avec une bouche plus grave, les femmes plus de songe avec des bras plus lents. 

    … Croissent mes membres, et pèsent, nourris d’âge ! Je ne connaîtrai plus qu’aucun lieu de moulins et de cannes, pour le songe des enfants, fût en eaux vives et chantantes ainsi distribué… À droite on rentrait le café, à gauche le manioc 

    (ô toiles que l’on plie, ô choses élogieuses !) 

    Et par ici étaient les chevaux bien marqués, les mulets au poil ras, et par là-bas les bœufs ; 

    ici les fouets, et là le cri de l’oiseau Annaô - et là encore la blessure des cannes au moulin. 

    Et un nuage violet et jaune, couleur d’icaque, s’il s’arrêtait soudain à couronner le volcan d’or, 

    appelait-par-leur-nom, du fond des cases, les servantes ! 

    Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ?…

     

    (Blues)


    Where do we go nobody knows?

    I've gotta say I'm on my way down
    God give me style and give me grace
    God put a smile upon my face 
    Where do we go to draw the line?
    I've gotta say I wasted all your time, (oh honey honey)
    Where do I go to fall from grace?
    God put a smile upon your face, yeah

    Now, when you work it out I'm worse than you
    Yeah, when you work it out I wanted to
    Now, when you work out where to draw the line
    Your guess is as good as mine

    Where do we go nobody knows?
    Don't even say you're on your way down, (when)
    God gave you style and gave you grace
    And put a smile upon your face, ah yeah

    Now, when you work it out I'm worse than you
    Yeah, when you work it out I wanted to
    Now, when you work out where to draw the line
    Your guess is as good as mine
    Its as good as mine [x7]

    Where do we go nobody knows?
    Don't even say you're on your way down, (when)
    God gave you style and gave you grace
    And put a smile upon your face

    _Coldplay.
    A Rush of Blood To The Head 2002

    _________________________________________________

    Poésie du pourquoi.

     

    Faire et défaire.

    Aller et venir.

    Entrer sortir

    Décider attendre

    Système binaire

    0-1-0-1-0-1-1-0-0

    Blanc noir

    Rouge rose

    Bleu violet

    Quelques mots

    Assis debout

    Oui non

    Peut-être pourquoi pas

    De haut en bas

    A l'envers à l'endroit

    Asie Usa

    Mots silence

    Série page blanche

    Parler se taire

    Absent présent

    Oscillation hésitation

     
    (run out of battery
    fall 2012) 

    All rights reserved to http://sediments.hautetfort.com/

  • « We few, we happy few, we band of brothers », disait Shakespeare.

    L'éloge funèbre de Roland de La Poype - par Max Armanet

    Les obsèques de l'ancien du Normandie-Niémen ont eu lieu mardi aux Invalides.

     


    L'éloge funèbre de Roland de La Poype - par Max Armanet
    Voici l'éloge funèbre de Roland de La Poype, ancien du Normandie-Niémen, prononcée hier par Max Armanet lors de ses obsèques à Saint-Louis des Invalides. Si les choeurs de l'Armée rouge avaient fait le déplacement, on ne peut pas en dire autant des autorités politiques de notre pays. Roland de La Poype était simplement Compagnon de la Libération, héros de l'Union soviétique, Grand-Croix de la Légion d'honneur. (Voir le site de l'Armée de l'air ) 
      
     Il est des hommes qui nous marquent. Il est des hommes qui nous entraînent. Il est des hommes qui nous illuminent. Nous sommes tous là, aujourd'hui, pour répondre à l'invitation de Roland de la Poype. Pour la dernière fois, nous voilà réunis autour de lui, autour d'une table, pour partager en sa compagnie le pain et le vin. Repas symbolique, partage spirituel, devant nous, le corps de Roland de la Poype au pied de cet autel, dans le chœur de cette église, en nous, son esprit dans le cœur de chacun. 
      
    Compagnon de la Libération, héros de l'Union soviétique, grand-croix de la Légion d'honneur, ils sont deux dans notre histoire à avoir réuni ces distinctions exceptionnelles. Roland de la Poype, Marcel Albert. Deux frères d'armes qui furent l'honneur de la France d'avoir traversé le monde pour se retrouver aux côtés de leur frères russes et résister à la barbarie nazie. Deux preux dont l'amitié incarnait le tissu de la France recousu. Marcel Albert, le titi métallo de Billancourt et Roland de la Poype, l'aristo lunaire d'Anjou. C'est l'épopée du Normandie-Niémen, voulu par le Général de Gaulle, contre l'avis des alliés anglo-saxons, Groupe de chasse numéro 3, quatorze pilotes, cinquante mécanos, débarqués sur la terre russe en novembre 1942 alors que la Bataille de Stalingrad bat son plein. De ce premier contingent, quatre pilotes revinrent vivants. 
      
    Pendant trois années, cette poignée de Français libres va arpenter l'immensité russe pour témoigner de la fraternité de la France face à l'ennemi fasciste. Au final, le meilleur score de la chasse française avec 273 victoires homologuées. Quatorze d'entre elles furent le fait de Roland de la Poype. Roland de Roncevaux avait entre ses mains Durandal, Roland de la Poype a un Yak, le n°24 sur lequel son mécano a peint une gueule de requin. Il appartient au 18ème régiment de la Garde commandé par le colonel Goboulov, unité de la prestigieuse 303ème division aérienne sous les ordres du général Zakharov. Mais le résultat de la présence du Normandie aux côtés des Russes ne se réduit pas à un score, elle refonde les bases légendaires d'une amitié entre les peuples qui dure encore. 
      
    Pour résumer cette épopée, Roland citait un exploit de pure fraternité qui, lorsqu'il l'évoquait, soixante ans après, lui nouait encore la gorge : le sacrifice de Maurice de Seynes. 
      
    La tradition sur le front russe était d'emporter lors des vols de liaison, dans la soute du Yak, le mécano attitré de l'avion. L'affection qui se tissait entre le pilote français et le mécanicien russe sont des liens que seules les misères d'une pareille guerre permettent de tisser. Le 15 juillet 1943, lendemain de la fête nationale française, changement de terrain. Les quatre escadrilles décollent les unes après les autres du terrain de Doubrovka. Maurice de Seynes emmène Vladimir Bielozoub, coincé derrière le siège du pilote, dans la soute, sans parachute. Au bout de quelques instants, de Seynes revient, l'habitacle envahi de fumée. Aveuglé, tentative après tentative, de Seynes essaie de se poser. Vainement. Le commandement français puis russe, lui ordonne d'abandonner son avion et de sauter en parachute. La vie d'un pilote expérimenté est une denrée rare et précieuse. De Seynes refuse. Sauter, c'est abandonner Bielozoub. Les camarades restés au sol entendent la respiration oppressée de leur camarade qui se mure dans le silence. Tous approuvent dans leur cœur le choix de Maurice. Ils feraient de même. Quelques instants plus tard, à l'issue d'une ultime tentative, l'avion percute le flanc d'une colline proche. Maurice de Seynes et Vladimir Bielozoub ont été enterrés côte à côte dans la terre de Doubrovka. A la fin de la cérémonie, les enfants du village sont venus déposer un bouquet tricolore de fleurs des champs sur les tombes des deux amis. Une semaine plus tard, à l'issue des féroces combats entourant le franchissement du fleuve Niémen, Staline accordait au groupe de chasse Normandie la dignité d’accoler à son nom celui de Niémen. En Russie, le nom des deux héros et le nom de Normandie-Niémen sont toujours connus par tous les écoliers et toujours enseignés avec respect. 
      
    Sans le Normandie-Niémen, sans les étoiles de Héros de l'Union soviétique accordés à quatre de ses aviateurs, sans le baiser à la Russe, sur la bouche, que Staline donna à Pouyade, le commandant du désormais célèbre Neu-Neu, selon son surnom familier, à la Noël 1944, les accords signés entre la France et l'Union soviétique la même nuit ne l'auraient pas été ; la France n'aurait sans doute pas été autorisé par Staline a figuré à la table des vainqueurs de Berlin, le 8 mai 1945. L'épopée Normandie-Niémen nous enseigne qu'il n'est pas de grande politique durable sans humanité. Ces garçons de vingt ans qui firent sérieusement, la guerre dans l'honneur jusqu'à la victoire, aimaient rire, vivre, aimer.
    Ils faisaient juste leur devoir de Français, sans lequel il ne peut exister nulle prétention à l'exercice d'aucun droit. 
      
    A côté de La Poype, Albert, le duo légendaire du Normandie, Marcel Lefèvre , Jean de Pange, Pierre Pouyade, Joseph Risso, les mécanos Georges Marcelin, Alexandre Kaprolov. Fraternité des gens de l'air... Et puis les amis d'Angleterre Jean Maridor, Christian Martell, Charles Ingold, Henri de Bordas, Claude Raoul-Duval, Pierre Clostermann, Paddy Finucane, « We few, we happy few, we band of brothers », disait Shakespeare. 
      
    La France libérée, Roland de la Poype a quitté l'uniforme, pris un métier, épousé une femme, fondé une famille qu'il a profondément aimée. Entrepreneur visionnaire, il réinvente l'industrie du plastique. Il créé le berlingot Dop, dessiné par Vasarely, ce conditionnement de shampoing commode et bon marché qui révolutionne l'hygiène en France. Ses emballages plastiques de l'agroalimentaire sont les plus présents en Afrique et en Amérique latine. Maire de Champigné, membre actif de l'Aéro-Club de France, la maison des ailes françaises, plus ancienne institution aéronautique au monde et dont il reçu comme Guynemer la grande médaille d'or. Roland touche à tout ; il invente une voiture économique, écologique, modulable, la Méhari, présente dans tous les musée de design. L'environnement pour lui est une passion avant qu'elle ne soit une mode. Il fonde le Marineland d'Antibes afin de permettre à ses contemporains de connaître la vie des grands animaux marins. Mais au milieu de ce parc éblouissant, il dresse un magnifique musée de la marine ainsi qu'un autre rendant hommage au débarquement de Provence d'Août 1944. La distraction se conjugue alors à la connaissance, à l'histoire, à la culture. On n'en finirait pas d'évoquer les projets futuristes que Roland de La Poype, jusqu'au bout, ne cessaient d'imaginer. Au final, il aura fait plusieurs fois fortune, réinvestisant à chaque fois le gain accumulé afin d'entreprendre une nouvelle aventure. La preuve par trois, en des temps où la cupidité est louée par les petits et les grands, que l'on peut faire fortune et enrichir la collectivité. 
      
    Toujours léger, il refusait farouchement tout statut d'icône, moquait tous ceux qui l'abordaient avec componction et solennité. Il détestait les contraintes mais vouait une une incroyable fidélité à la parole donnée. Nous eûmes quelques échanges philosophiques, que je recopiais précieusement sur mon carnet. Un jour, j'ai posé la question à Roland de la Poype : 
    - Dans le combat qu'est-ce qui distinguait un aviateur de la France libre d'un aviateur nazi ? 
    - La conscience que nous nous battions pour la liberté et la dignité, les Nazis pour l'esclavage et l'humiliation. C'était une guerre juste. 
    - Qu'est ce qu'une guerre juste ? 
    - Une réponse proportionnée à la menace, indispensable, tout les moyens de droits ayant été épuisés, sans but caché, sans violence inutile. C'était ça, la France libre. Pas facile la guerre juste ! 
    Alors, il m'a répété la phrase de son maître, le plus jeune as de la « Bataille d'Angleterre », Wing commander à vingt et un ans, l'année de sa mort, l'Irlandais catholique Paddy Finucane « I shoot to hit the machine, not the lad in it. » « Je tire sur la machine, pas sur le gars dedans. » 
      
    Roland témoignait: 
    On peut faire la guerre sans l'aimer. 
    On peut aimer la vie sans craindre la mort. 
      
    Roland de la Poype s'inquiétait: 
    Où apprend-on aujourd'hui à être un soldat de la République ? 
    Où apprend-on à prendre les armes lorsque les valeurs universelles qui nous fondent sont menacées ? 
      
    Roland s'est éteint rempli des forces que donne l'amour en tenant la main de son épouse Marie-Noelle, de cet amour plus fort que la mort, qui continue une fois la terre quittée. 
    Bientôt les cendres de Roland de La Poype reposeront dans une petite chapelle des terres froides et solaires du Dauphiné, berceau de sa famille. Monter au ciel, quoi de plus prévisible pour un aviateur ? Rejoindre ses camarades, voler dans le ciel plan dans plan, comme soudés les uns aux autres, continuer à blaguer et à regarder du coin de son œil bleu ses amours, ses amis, restés sur terre. 
      
    This is it Chaps ! Dasvidania Tovaritch ! Adieu Roland ! 
      

    Texte extrait de ce blog  Secret défense

    Italiques ajoutés par la rédacd'icietpasd'ailleurs, d'ici donc.

  • When art fall asleep!








    When "art" fall asleep
     
    [A fairy from imagination only].
     
    Autrefois, les contes avaient pour fonction de narrer le réel en déguisant les éléments du récit de manière à ne pas choquer et à permettre au travail de deuil, essentiellement de se faire à l'abri de l'inconscient.
    Nous vivons une époque difficile : ce que l'on nomme vite la modernité, pour peut-être éviter de regarder à l'intérieur ce que signifie ce terme et éviter peut-être de se poser trop de questions sur ce que la modernité est vraiment.
    La modernité m'évoque les reflets, les miroirs, et les écrans, des surfaces lisses, sans accrocs ni ombres. D'ailleurs, l'absence d'ombres dans la photographie moderne m'a toujours semblé être un problème. Le réel contient des ombres. Tout ce que nous regardons est soumis à la lumière naturelle, et comme tel sujet à modifications de formes, d'arrondies, de profondeurs, de teintes plus ou moins sombres ou lumineuses.
    L'endroit où rien ne bouge, (dont les ombres sont absentes à cause de la lumière crue) est assez souvent notre dernier lieu, celui où nous resterons pendant de longues heures dans l'attente d'un examen puis d'une transformation avant la mise en bière. Les lieux industriels, les entreprises, les hangars éclairés au néon, les hôpitaux où effectivement les examens de tous ordres sont habituels sont des endroits qui parlent de la société moderne, de la société actuelle, de celle dans laquelle nous vivons toutes et tous. L'oeil du néon qui éclaire ces endroits est morbide, vide,. Il semble observer et scruter chacun, mettant en avant les détails, qui, exagérément éclairés, se retrouvent projetés au premier plan, choquent et agressent le regard. La vulgarité née du déséquilibre et de l'absence de hiérarchisation. Les formes que cette lumière sans complaisance écrase et amplifie tombent en disgrâce.
    "When art fall asleep" serait le titre d'un conte qui évoquerait la douceur de la lumière automnale, la beauté des roux, des ocres et des verts, la luminosité dorée, "Art" serait le personnage principale, une femme certainement, "Art" pour arthémis, qui comme dans "sleeping beauty" se serait endormie il y a longtemps et que rien ne réveillerait. Cela se passerait certainement dans notre Siècle, le XXIème.
    Le Prince Charmant serait une idée. Il faudrait encore que je trouve laquelle. Quatre saisons comme quatre raisons de ne jamais trouver l'idée qui réveille, endormie dans la lumière d'un jour d'automne, "art" ne se réveille plus. Et son long sommeil accompagne les saisons, sans que jamais qui que ce soit ne trouve l'idée qui prononcée, racontée à côté d'elle pourra la réveiller.
    Un étrange conte.
    Un peu philosophique peut-être.
    Qui ressemble à un récit déjà un peu gommé par le temps, dont les contours sont flous, qui s'efface déjà de la mémoire, disparaissant comme la lumière d'été disparaît pendant l'automne, peu à peu.
    Je ne sais pas si j'écrirai un jour ce conte en entier, je veux dire avec un début, un milieu, une fin parce que je ne sais pas trop écrire des nouvelles aussi terminées avec des débuts, des milieux, des fins. Pas vraiment non.  "When Art fall asleep", restera peut-être une idée inexploitée, une de ces idées qui fait rêver vaguement du jour où l'on trouvera le moyen de la sortir de ce trouble reflet de la pensée pour la faire entrer dans la vérité du récit, mais dont on doute que ce jour arrivera, parce qu'en attendant on ne voit pas comment avec une idée aussi vague, aussi peu réelle, aussi éthérée donc, construire un récit.
    Quel récit éxactement : "le récit du temps qui passe sur le corps d'une femme endormie?"
    Une idée désincarnée qui refuse d'entrer dans le corps d'un personnage, dans le tracé d'une route   décrite, dans le contour des arbres qui l'entourent, à quoi cela peut-il bien servir? Une idée qui traîne dans les mots sans vouloir s'y loger et décider d'avancer avec eux, qui traîne comme le temps qui garde le corps endormie d'une "Art" en suspens jusqu'à ce que quelqu'un trouve enfin l'idée qui la réveille, qui s'incarne en elle, et qui débute le récit de ce conte.