Courbes. double.
Toutes ces passions nous bouleversent, renversent et modifient nos paysages intérieurs. Les bouleversements sont fascinants; on est éblouit, stupéfait par la beauté, la violence des éléments quand ils tournent et retournent leurs membres emmêlés à la recherche de leur équilibre. Aller à la rencontre de cette nature tumultueuse nous révélera d'innombrables failles; des déchirures qui pourtant recomposées par le regard, unifiées par la pensée, le récit retrouveront leur sens premier.
Courbes. autre.
Passions acharnées à se survivre, tumultes et désirs dans nos yeux étoilés. Ce ne seront pas les larmes qui emporteront les traces de nos délires. Folles et fous liés, allumés et déjantés, détruits et ravagés, nos tumultes provoqueront les rires dont nous avons besoin pour continuer. Va, cherche, provoque, inspire, instruits les cieux de tes musiques intimes, rêves! Ne perds pas le temps. Vole! Envole! Empare-toi des âmes de passages, emplit les de tes mots, pare les de tes songes... Survis à tout, traverse la mort, détruit la! Dans les éclats de tes rires je lis l'avenir, je lis mon désir de toi. Le délire me prend. Rien ne me plait tant que le bonheur de ressentir ce vertige une dernière fois. Choisir l'exil volontaire, au coeur des tempêtes amoureuses
Support, corps.
Le corps dessiné, souveraine reproduction de soi, souvent dissimulé, retranché, entouré de voiles et de brumes, s'éloigne du regard qui étreint, enserre; s'éloigne du regard, prends son envol dans l'imaginaire, celui dont nous sommes les créateurs, dont nous tirons les grains lumineux destinés à l'enrichir. Posé comme un objet à contempler, il se dénoue sous notre observation attentive, découvre sa trame ligneuse, essentielle, défait les liens qui le retienne encore. Objet du regard, sujet de la rêverie, il est l'élément fondamentale sur lequel se fixent les impressions, voyagent les reflets, passent les nuages.
Courbe. Regards, regarder.
Au centre l'oeil. Au centre le regard. Au centre la possibilité de voir. Les spectacles du monde, les entrées théâtrales du jour, les voiles célestes, les mouvements d'air, les remous de l'eau, l'image de ce qui ici nous retient, nous oblige à rester, à demeurer le spectateur subjugué d'une nature sans cesse renouvelée.
Courbes. transfert.
Regarde encore le ciel regarder la terre. Regarde toujours les mots se perdre dans l'univers. Regarde sur les eaux, les yeux, paupières et pupilles ouvertes, effleurer le fil de tes pensées. Regarde à l'infini tout ce que tu ne comprends pas, ce que ton oeil ne peux saisir. Matière morte tournant dans l'espace, comme l'esprit dans le vide ou la main dans ton corps à la recherche d'un plaisir certain. Le désir floue. Il déjoue tes volontés, oriente la quête vers l'en dedans. Ainsi ne plus comprendre cette course absurde... Le mot tu l'écris, tu ne le dis plus, ne le prononces plus. Faire flamber masques, costumes de carnaval, faire flamber! Exécuter les faux-semblants. Ce qui nous occupe est secret. En silence travaillent les forces qui se jouent de nous. Brûlent les souvenirs, croissent les herbes nouvelles.
Courbes. Extinction.
Dans le soir flamboyant, l'extrèmité d'une de ces courbes vient de mourrir dans l'obscurité. On ne retrouve jamais une courbe éteinte. Elle se perd, s'évanouit avant le réveil, avant que les paupières ne soulèvent le jour, avant que les lèvres ne recomposent le langage du réel, que ne disparaissent les images de la nuit, les sensations procurées par ce long trajet qui nous aura conduit au-delà du réel. Pour un temps seulement, ce segment arraché au néant aura pris par magie la couleur de l'éternité.