Un jour aux corbeaux qui volaient au-dessus d'elle, aux épis qu'elle caressait en passant dans la plaine, elle fit ce serment :
_Je n'irai pas où vous voulez m'emmener.
_Je ne dirai pas ce que vous voulez que je dise.
_Je ne mangerai pas la nourriture que vous préparez.
_Je n'emploierai pas les mots qui vous servent à vous exprimer.
_Je ne porterai pas les vêtements que vous fabriquez.
_Je ne vivrai pas dans les prisons que vous construisez.
_Je ne ferai rien de ce que vous voulez.
Constamment j'irai contre le vent. Constamment je remonterai le courant. Constamment j'irai où bon me semble, au mépris de vos indications, au mépris de vos conseils, car ma liberté s'est construite ainsi. Dans votre dos. Face au vent.
Le jour suivant elle écrivit dans l'air puisque tout lui avait été retiré, la suite de son serment :
_"Vous n'entendrez pas mes mots. Vous ne comprendrez pas mon langage. Vous ne verrez pas mon visage.Vous ne saurez pas que j'existe."
Ce sera bien ainsi car de toutes choses l'esprit mauvais fabrique de la laideur et j'aurais peur que vos pensées ne salissent ma vie.
Elle se sentit nettement mieux, reprit son chemin, en continuant de se boucher les yeux et les oreilles car seul son coeur parlait à son cerveau. Le reste n'était que mort et dégout. Elle se tenait droite dans le vent, au mépris des courants, bravant les lames de fond qui tentaient de l'emporter, enrageant sous les orages, mais c'est ainsi et seulement ainsi qu'elle construisait sa liberté.
Et c'est bien la seule chose qu'elle avait réussit à conserver par delà toutes les insultes, les infamies, les destructions, les humiliations et les coups : la liberté.
A Naïma: Réfugiée femme d'un pays où les femmes naissent et meurent baillônnées et où les hommes libres se font égorger.
PS: Naïma si tu lis ces lignes saches que je n'ai jamais croisé de femme aussi courageuse et fière que toi. Avoir eu la chance de te regarder quelques minutes m'a permis de de comprendre le sens caché du mot liberté. Ce mot que j'ai appliqué à ma propre existence et qui m'a tant coûté. Je l'ai relu inscrit sur chacun de tes mouvements, entre tous les mots que tu disais. Même tes "bonjour" disait "je suis libre". Je sais que parfois on m'accuse d'emphase lorsque je dis ces mots mais je me fous du : "qu'en dit qu'en pense" le voisin. Je dis ce que me dicte mon coeur et tant pis pour le reste. Je tenais à te dédier ce petit texte, il est pour toi.
"S'il ne me reste rien : que ma liberté demeure afin qu'au jour de mes funérailles quelqu'un d'autre s'en saisisse et la défende comme je l'ai fait au mépris de ma propre vie."
Petite phrase en passant aux croassants de toutes plumes, et surtout à ceux qui sont tombés dans la peinture bleu-blanc-rouge.... "Je ne céderai jamais."
Tralalalalière. Et vous pouvez toujours venir faire vos cochonneries dans mes commentaires, je m'en contre-tape bande de "hihans" analphabètes.


Tu vois une porte dont la peinture s'écaille. C'est elle qui vient de s'abattre sur le front, sur le perron. (Je sais on ne dit pas le front pour le sol, pourtant il est blanc, lisse comme ton front là. Que je regarde maintenant. Sur lequel j'envoie mes yeux rêver, se poser en papillons discrets). Tu voudrais comprendre. Pourtant jamais je n'expliquerais ce passage du temps entre nos lignes, cet arrêt brutale, cardiaque, désordonné. Je vais faire quelquechose que tu ne comprendras jamais. Je vais ouvrir la porte de ce temps, ouvrir la porte et tu ne verras rien d'autre qu'une lumière blanche qui te sembleras être la couleur même de l'air. Tu essaieras de respirer. Mais de ton visage convulsé tu n'obtiendras rien d'autre qu'une lamentable grimace. Je sais ça parait fou dis comme ceci...Mais attends un peu et tu verras ce que le Temps fait à ceux qui essaient de l'arrêter. Il les envoie respirer sa poussière, sa craie. Respirer de la craie. Ca parait fou dis comme ceci. Mais tu vois bien que dans ce poéme les portes s'abattent et les pupilles crissent, rien n'est vraiment normal ici. C'est l'oeil du temps. Celui qui nous observe constamment, celui qui juge et frappe, condamne et emprisonne dans ses filets, nos corps convulsés.