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Sédiments_Avant-Garde_© - Page 257

  • Le red rose café (suite)

    C'était Avril. L'hiver finissait dans cette banlieue de Londres. Les tempêtes de grêles échangeaient leur place dans la même journée avec celles du vent puis de la neige et enfin de la pluie...Le premier rayon de soleil apparut dans ce café. Elle finissait par se dire que cela n'arriverait plus. Le désespoir la prenant, elle regardait les autres clients avec une sorte d'attente étrange, l'un d'eux allait-il réussir un effort de comportement pour faire de cette journée autre chose que le jour de l'arrivée du premier rayon de soleil de l'année. Vous n'imaginez pas à quel point le ciel était bas tout ces mois passés! A croire qu'il finirait par exiger de tous qu'ils le traversassent pour circuler. Elle regarda le café avant d'entrer. Ce décor l'étonnait. La présence de la rose rouge sur les murs et les vitres extérieurs aurait pu être élégante s'il ne s'était agit d'un café récent, presque désert, au milieu d'une banlieue toute aussi déserte, un jour de semaine banale.

    Cependant, une bonté particulière émanait du sourire du serveur. Cet accueil associé à l'éclairage, une lumière blanche d'avril,  transformait imperceptiblement le lieu. Observer ce couple l'apaisait. Une sorte de renoncement passif, un finalement pourquoi pas, mieux qu'un bof, un genre de "tiens finalement ils ne sont pas mal eux"... retint son attention. C'était beau d'aimer. Beau à regarder. Elle se souvint s'être dit que certaines présences pouvaient apporter beaucoup l'air de rien. 

    Justement c'est cet "air de rien" qui l’intéressait cette année-là. Une année qui aurait pu être qualifiée de banale, mais qui se révélait riche en enseignements. C'est dans cette simplicité de l'existence qu'elle se retrouvait le mieux. Et finalement peu importait la raison pour laquelle cette scène lui avait plu, durant tout le temps de l'observation  elle avait ressenti un réel plaisir...Et c'était ce qui avait à ses yeux le plus de valeur.

    La journée avait été belle. Durant la traversée d'un parc, quelques écureuils avaient interrompu leur cavalcade à son passage. Le printemps s'annonçait. Le bleu du ciel crevait l'air jusqu'à ses yeux. Une jubilation enfantine l'emplissait à l'idée de revoir la nature s'éveiller. Elle adorait les fleurs. Dans cette proche banlieue londonienne les parcs abritaient de nombreuses essences rares, les arbres y étaient souvent plusieurs fois centenaires, les pelouses et les massifs de fleurs abondaient. Elle pouvait imaginer à l’avance dans l’air saturé de pollen l’odeur subtile des chèvrefeuilles mêlée à celle des pins. Cette senteur était une de ses favorites.   

  • Red Rose Café

     Une ballade. Un jour de printemps.


    La devanture ancienne, transparente d’un café de banlieue. La rose dessinée sur la vitre…
    Le serveur, va et vient. Son tablier blanc autour de la taille. Les tables de formica, nettoyée avec soin. Un rayon de soleil ouvre une fenêtre claire sur la surface lisse de la table.
    Bleu du ciel dans lequel je me perds un moment.
    Quelques jeunes clients, un peu autour. Une femme entre. Elle porte un vêtement long, prés du corps. Des cheveux lisses, un sourire de jeune fille. Elle va vers une table et s’assied. Le serveur se dirige vers elle.
    Je peux prendre votre commande ?  Oui dit-elle, un café s’il vous plait.
    Je la regarde d’ou je suis assise. Sa silhouette découpée sur le mur blanc. La rose dessinée, en transparence, à nouveau sur un des miroirs  qui se trouve au-dessus d’elle. L’homme qu’elle attend arrive très rapidement. La porte ouverte, il ne s’attarde pas.  De l’extérieur, il l’a reconnut. Ses yeux un instant se sont éclairés.  Des yeux bleus. Je regarde à nouveau le ciel. Ils sont de la même couleur. Ils sont réunit. Face à face. Leurs regards brillent intensément. Leurs visages éclairés par la même douceur, le même bonheur diffus, s’offrent à l’attention de tous. Derrière la vitre, je me réchauffe doucement. Cette journée d’Avril est fraîche. J’imagine la photographie de cet instant.

    Extrait d'un petit carnet noir. Prés de Willesden 1998.

  • Scalpel pour nuit blanche.

    medium_wisconsin-sky.jpgLes cieux bouleversés, en tournant sur la grande page de l'univers recommencent à provoquer au sol des tourments de vents, des mouvements incontrôlables de la Nature. Hommes accrochés aux débris de leurs constructions. Ces temps-ci les apocalypses ont repris du  service. "Il faut savoir approcher la prédiction comme on parle aux animaux et aux plantes". J'imagine qu'un  jour Nostradamus s'est fait cette réflexion. Ce n'est rien de plus qu'une capacité humaine à être avertis des dangers...Rien de plus. Le silence effraie, il est annonciateur de bien des transformations, bien des mutations. Pourtant la seule peur dont nous devrions craindre les effets c’est celle qui nous empêche de remettre en cause nos certitudes, nos croyances. Nous ne saurons jamais assez. Ce fait traverse nos époques, nos Siècles. Cette certitude éclaire nos philosophes, nos penseurs, nos chercheurs. Mais elle est sans cesse remise en cause par une autre certitude celle de l'absence de savoir définitif. A la manière d'un ciel qui ne cesse de changer, d'évoluer, de se transformer de son lever à son coucher, le savoir est en perpetuelle évolution.

    Quelqu’un écrit un jour ceci :

    " Un jour il était assis à table
    Le silence tardait à venir
    - la lettre jamais écrite
    La brave maison lui soufflait des mots
    et sa main sur le pain
    oubliait la bénédiction
    Car dehors soufflait avec la violence
    d'un orgueil rouillé
    un vent déchiré.
    Le feu crépitant d'une peur farouche
    alimentait ses incendies.
    Il mesurait chaque instant
    avec plus de hâte,
    corde vibrante jamais soupçonnée auparavant.
    Demain peut-être - ainsi murmure son rêve
    comme si bienfaisant il avait dans le vin
    goûté l'été, le soleil de la griserie à venir -
    demain peut-être avec une clé de verre
    il fermerait le Moyen Age. " 

     Il faut bien se rendre à l'évidence, les Temps sont troubles. On les dirait tombés entre des mains de diablotins qui jouent avec la poudre : celle qui nous arrive dans les yeux, celle dont on remplit les canons...

    "Et le vent souffle indifférent aux tracas des hommes."

  • Liberté

    Quai de Valmy Pt Eph 10.jpg

    Il va falloir se battre pour te conserver. Les corbeaux au-dessus de nos têtes volent en cercles de plus en plus concentrés, de plus en plus rapprochés. Nul besoin de vous pencher sur les mots. Les signes sont invisibles, ils appartiennent aux Temps. Vous n'y pourrez rien changer. L'infâme du destin s'accomplit toujours sans accord aucun, puisque c'est à l'instinct qu'il réagit. Celle que l'on nomme la Bête est mue par la circulation des pires sentiments, haine, envie, jalousie, ressentiment la nourrissent et l'alimentent. Consciemment certains jettent des boules de suif sur les braises, font sortir des gorges des centimètres de tripes pourrissantes, font réagir la peau de l'animal quand il s'endort repu. 

    La volonté du mal pour s'accomplir n'a besoin d'aucune aide elle empoigne les corps humains, en fait son pantin, son jouet. Et rien ne sait désaccomplir l'inéluctable du destin qui implacable promet son couperet pour sectionner le temps en deux parties distinctes, l'avant et l'après. Entre les deux moments distincts la "jouissance" du mal, sa "jubilation" accomplie au moment de la revanche, de la vengeance. L'insupportable de la notion de "mal" vient du fait qu'il est directement relié à la notion de plaisir, de satisfecit. Il ne trouve son apaisement que dans la souffrance d'autrui réalisée après le triomphe de la vengeance. Cette énergie "maléfique" ( je l'appelle ainsi car sa finalité est la souffrance d'un autre être humain, ou son humiliation) draine avec elle les âmes faibles, les esprits ignorants car comme toute energie elle crée un appel d'air où s'engouffre la vacuité de l'esprit. Résister c'est s'exposer à la violence que dégage tout désir (énergie) contrarié. Résister en faisant un barrage symbolique c'est allumer des contre-feux à l'ignorance (bourdieu). Déjouer, et apaiser les conflits mis en place par ceux dont l'intêret _comme toujours_ est de le faire, est possible en expliquant les enjeux symboliques et réels:

     http://www.monde-diplomatique.fr/2005/07/RIGOUSTE/12454

    Comprendre permet de faire échouer les conséquences et annule les répercussions prévues. Notre intelligence nous le permet ce serait dommage de s'en priver. C'est à peu prés tout ce qu'il est possible de "faire".... pour contrer les effets de la "Haine". 

    Réflexion personnelle:

    "S'il faut briser les sceaux du destin c'est avec le bronze et l'airain disait autrefois les mythologies, nous devrions y penser parfois."