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Sédiments_Avant-Garde_© - Page 260

  • Tu dis tout, mais tu ne dis rien.

    Tu dis tout, mais tu ne dis rien. C'est étrange, comment fais-tu? Elle le regardait gentiment. Vraiment elle ignorait quoi répondre. C'est impossible de répondre à une telle insulte, dis sur ce ton de serpent. La personne qui s'amusait à se foutre d'elle était un vieux machin pervers, un porte-couille, un vicieux du troisième âge, répugnant et infatué. Que dire à ce genre d'ignoble personnage? Pour s'amuser elle endossa un costume d'idiote et fit semblant d'être flattée. Un délice que celui d'imaginer ce vieillard en décomposition avancée se réjouir de sa feinte bêtise... Je commencais à m'amuser sérieusement. Ne jamais dire ce que l'on pense aux imbéciles, les flatter, les enduire d'erreurs, les égarer, les emmener en ballade.... S'en suivit un long baratin repris d'un texte de Sollers, "le portrait du joueur", agrémenté d'une historiette digne d'un voici-voilo de campagne! Croustillant. Le ton employé est celui de l'idiote du village qui se prend pour une intello. Le tout emballé par une regard et une mine de la plus pure innocence, directement tiré d'un roman du début du siècle : Bécassine t'emmène en voyage. Allez grimpe la dessus mon gros, tu verras p'têtre Monmairtre!!! Succulent, une vrai dessert de chef. Que veux-tu que je te dises moi? Je n'en sais rien. Enfin disons que j'essaie de ne pas écrire ce que je n'aimerais pas lire. Comment te dire....

    Je voudrais essayer de ne jamais montrer que je n'ai rien à dire. Ce n'est pas simple je te l'accorde. Mais enfin il faut beaucoup d'art et de prudence pour ne pas révéler aux yeux des lecteurs, l'immense gouffre sur lequel je tente d'écrire. Si jamais quelqu'un s'aperçoit de tout ce vide qui se trouve à l'arrière. L'affaire rate. Et le lecteur s'ennuie.

    D'un seul coup d'un seul, il décide d'aller faire ses courses au Pampion. Et là, vois-tu, c'est la fin de ton livre, la mort de ton texte, ta dissolution dans le supermarché dans le fond du caddy entre les poireaux et les choucroutes alsaciennes.

    Mon pauvre ami, je crois bien que si jamais quelqu'un s'apercevait de la supercherie. Les gens outrés d'avoir économisé tant de plaisirs pour l'achat de leurs livres iraient furieusement faire un grand feu de joie au milieu de la cour en hurlant au scandale, à la tromperie, au foutage de gueule et tutti quanti. Les auteurs déjà bien pâles se liquéfieraient de trouille, un peu à la manière d'un vampire en plein jour. Tu vois le tableau? Non, mieux vaut rester discret. Maquiller habilement toute cette inanité, bourrer cette vacuité de choses et d'autres.

    Tiens prends des photos, ça donnera un genre animé. Illustres, dessines des fleurs, des montagnes, je sais pas moi. Racontes leur ta vie. Comment tu baises et ce que tu manges. Publie tes trucs pour griller une place au supermarché, ce que tu penses de la vache folle, si tu l'as rencontré, comment tu es tombé amoureux d'elle et qui a décidé que votre union serait contre-nature. Je sais pas moi, inventes, baratines, racontes les histoires de cul de ta voisine. La grosse? Oui celle-là!

    Oh... mais non à la rigueur je préfères raconter mes aventures avec le voisin sourd.

    T'as un voisin sourd toi?

    Ben ouais. Il est pas très sympa, tu sais. Il bat sa femme mais le pire c'est que...mais bon tu ne me croiras jamais!

    Vas-y dit.

    Non.

    Mais quoi? Vas-y dis. Je vais pas te supplier quand même! Raconte!

     Elle est sourde et muette. Et le pire c'est qu'à chaque fois que j'appelle les flics, ils se foutent de ma gueule! Y'en a un qui m'a dit une fois mais vous savez c'est normal qu'ils....

    Qui?

    Les sourds tiens! Bon tu me laisses finir? Donc c'est normal qu'ils fassent du bruit, ils sont sourds et c'est leur manière de communiquer. 

    Oui ben ça va, la dame qui crie elle est muette! Vous entendez? Et dans l'escalier soudain une sorte de brame à mi-chemin entre le barrissement d'un éléphant et l'égorgement d'un marcassin. Silence gêné. Il est quatre heures du matin. Je suis exténué. Et en voyant l'oeil narquois des flics je me dis que je franchement à la campagne on a carrément pas de chance!

    Eh bien tu vois ça marche. C'est carrément intéressant ce que tu racontes. Tiens fais un roman à la Claude Zidi. Pour la rentrée littéraire je vois ça d'ici. Drame dans les foyers. Un sourd bat sa femme, muette, elle retrouve la parole.

    Euh....

    Bon je file dis, le supermarché va fermer. Y'a plus rien à bouffer ici. Allez courage! 

    ps: à celui qui se reconnaîtra certainement... Leçon numéro un : ne jamais prendre les autres pour des cons, ils le sont toujours un peu moins qu'on ne le pense.... Allez sans rancune vieux truc hein. J'irais certainement cracher sur ta tombe.

  • La mort dans l'âme.

    Il se leva de mauvaise grâce : le moment était venu de subir l'épreuve de la lumière. Il ouvrit la fenêtre, se pencha au-dessus du vide et respira l'odeur de violette du silence : tant de fois, à cette même place, j'ai voulu me fuir et j'entendais croître des pas, ils marchaient sur mes pensées. La nuit était douce et sauvage, la chair tant de fois cicatrisée. Une nuit pleine et vierge, belle nuit sans hommes, belle sanguine sans pépins.

    Il tira les persiennes à regret, tourna le commutateur et la chambre se jeta hors de l'ombre, les choses rentrèrent en elles-mêmes.

    In "La mort dans l'âme" Les chemins de la liberté. Jean- Paul Sartre. 

  • Les bords émoussés.

    1_Les bords émoussés, humides des rives de papiers dans un univers de feuilles et d'encre. 

    2_Chaloupe au gré du courant. Dérive nostalgique. S'éloignent les spectres commence le spectacle : le spectacle.

    3_Les herbes au fond effeure la surface. La surface est un mirroir. L'idée voyage sur la plume d'une hirondelle. L'eau frôlée frissonne. Echo argenté : feuille de papier alu froissée.

    4_L'écho renvoie l'éclat de l'ombre retournée dans les filets de l'astre immobile.

    a-Chaloupe aux bords émoussés, tangue sur le fil de l'eau tragique. Plonge l'hirondelle à la surface de l'eau argentée. La plume se déploie. Le front se couvre de feuilles comme le soir au loin profondément enfoncé dans le paysage. Magie de l'idée qui flotte au gré du courant...

    b-Affleure le poing de pierre serré au fond d'une gorge sinueuse. Des rives ma dérive s'aperçoit. File dans le fond clair la vipère argentée.  

    c-Portes eau le corps transformé des nuages! Pèse sur la toile ce plomb au fil de ma mémoire retenu.

    I_ Rives humides / dérives de papiers / sans fond. Image réfléchie du fleuve qui s'évacue vers la mer.

    II_Aluminium froissé pour un monde désargenté, un monde illuminé par des éclats meurtriers qui se fichent dans les chairs comme brûlent les plaines de ma mémoire. Aucune illusion révélée. Rien que la réalité écrasée par l'éclat des yeux secs d'un Dieu abandonné à ses reflexions.

     

  • Jeux de commentaires.

    Comment au firmament des sentiments           Comment, à l'orée d'un sentiment retrouver l'ineffable gout du don, si ce n'est du pardon. 
    Poser des gestes                                            Oser un geste avec la retenue obtenue de par tant d'années d'immobilité.               simples et déroulés               Simple, un geste simple, un mouvement du bras, une tension de la jambe, une torsion de la hanche, ou une simple moue de la bouche. Je frissonne à l'idée de dire que finalement j'ai choisit de ne pas bouger, comme j'ai choisit de me taire indéfiniment.   
    aux rives de vos mots                  Je laisse le silence résonner   
    Alternance de caresses 
    sédimentées                                         cimentées 
    "j'aime encore"                                                               Ce verbe reste à conjuguer, à recouvrir de ses tensions nerveuses, à absorber de l'intérieur, à tendre vers l'infini....
    je sais cette illusion lascive
    pénétrée de revers d'humilité               L'humilité, humide repli de soi.                                "j'aime"

    Tout Jour        J'aime toujours, j'aime tous les jours, j'aime le jour, j'aime l'amour.

    Merci jlg pour ce commentaire je relis avec beaucoup de plaisir.

    Et pardonnez mon envie de jouer un peu avec vos mots....Sourire.